Selon Mohamed Lebka, les procédés employés par l'administration, sont à l'origine des blocages rebutant les entreprises et les promoteurs et aussi font le terreau à l'arbitraire, aux abus et aux malversations. Les choses bougent à El Tarf, du moins à la périphérie du chef-lieu où, sur les généreuses terres agricoles qui ont fait sa vocation première, s'ouvrent de grands chantiers. Une quarantaine de projets en souffrance depuis des années au Calpiref, la structure locale qui accompagnent les investissements, connaitraient un début de concrétisation. M. Mohamed Lebka, Wali d'El Tarf depuis octobre 2013, est un homme qui croit aux vertus de la communication et il veut donner l'exemple. Jeudi, il a animé un point de presse qui n'est d'ailleurs pas le premier pour faire un bilan de sa première année à la tête de l'exécutif. Une année qui lui a largement permis de faire le tour des problèmes que posent la relance d'une wilaya figée dans l'arriération bien qu'ayant bénéficié de financements colossaux. A qui a faute ? Comme M. Lebka ne remettra pas en cause ses prédécesseurs, il faudra donc chercher ailleurs. Il n'y a pas selon le wali, de méthodes et d'organisation du travail dans les services administratifs à El Tarf. Chacun, dans son coin, édicte ses règles et les imposent aux autres qui ne s'y plient pas forcément. D'autre part, il n'y a pas non plus de suivi des projets, ce qui a créé un gouffre entre la réalité du terrain et celle rapportée dans les documents. Des procédés qui sont à l'origine des blocages rebutant les entreprises et les promoteurs animés de bonne volonté et qui, par la même occasion, font le terreau à l'arbitraire, aux abus et aux malversations. Le wali d'El Tarf dit s'y être attelé en brisant le cercle dans lequel on fait tourner en bourrique les citoyens et les opérateurs économiques. Il a ouvert sa porte à quiconque le sollicite en exigeant parallèlement des explications aux responsables concernés. Pour les investissements, le wali dit avoir travaillé d'arrache-pied pour codifier les procédures du Calpiref. Aujourd'hui, il ne faut pas plus d'un mois pour disposer de l'acte de propriété du terrain et une semaine pour le permis de construire. 2015, l'année des chantiers L'habitat rural est l'autre dossier qui a absorbé le wali d'El Tarf. «J'ai trouvé des dizaines de citoyens qui disposaient d'une attribution mais sans le terrain!» s'exclame-t-il. «Nous avons ainsi régularisé 1600 cas et j'ai donné des instructions pour que les APC travaillent avec méthode, c'est-à-dire d'abord disposer de l'assiette foncière et des plans dûment établis sans quoi la commune n'aura pas une seule habitation sur les 3000 d'El Tarf ». Et il ajoutera que «ce sera fait dans la transparence totale pour bien situer les responsabilités, pour que les citoyens sachent bien qui a failli et que ce n'est pas le wali qui a rejeté un dossier comme le prétendent des élus pour masquer leurs défaillances». Mohamed Lebka met en priorité de ses préoccupations l'hydraulique et l'agriculture, le tourisme et l'aménagement urbain du chef-lieu. Relancer la combinaison hydro-agricole, avec à terme 8 barrages dans la wilaya, pour venir à bout des pénuries d'eau, étendre le périmètre irrigué et résoudre la lancinante question des inondations qui sont le prétexte dont se servent les agriculteurs lorsqu'on leur demande de s'expliquer sur leurs terres laissées en jachère. Ce qui par ailleurs fait dire à des observateurs que 8 barrages pour une imposture, c'est beaucoup ! La SEATA (Société de l'eau et de l'assainissement de Tarf et Annaba) est défaillante, dira encore le wali. Pour cause de dissolution en cours mais aussi pour la faiblesse de ses ressources humaines. Elle a des projets propres qui sont en souffrance depuis trois ans. Interrogé sur les jeunes et leur loisirs quasi inexistants, le wali a demandé à répondu qu'il a demandé au Directeur de la jeunesse et des sports d'aérer ses structures sclérosées en injectant du sang neuf car on y trouve des responsables en place depuis 10 ans et plus et qui ont pris des habitudes nuisibles. Questionné sur les moyens humains dont il dispose, le wali a répondu : «mon équipe doit assimiler la méthodologie que je mets en place et au centre de laquelle il y a la transparence totale des procédures qui doivent être conformes à la loi et la pleine responsabilité des actes.» Le tourisme lui, doit passer de 500 lits à 3500 avec, entre autres, l'aménagement de la zone d'expansion touristique d'El Batah. Le wali dit avoir contourné la loi 02-02 dite «loi littoral» qui interdit rigoureusement toute construction sur le cordon dunaire, en y implantant des «chalets scandinaves». Mais ce n'est pas parce qu'ils sont scandinaves qu'ils sont conformes à la loi algérienne. Un contournement de la loi qui peut créer des précédents et encourager à en faire en 2015, qui sera celle des chantiers, a encore annoncé le Wali d'El Tarf.