En marge des travaux du Congrès international du cancer organisé par la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM), la mise en œuvre d'un Plan quinquennal anticancer devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les malades. Le Plan national de lutte contre le cancer 2015-2019 a été finalisé et sera présenté prochainement au président de la République, a indiqué, vendredi à Alger, le chef du service oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger, le Pr Kamel Bouzid en marge des travaux du Congrès international du cancer organisé par la Société algérienne d'oncologie médicale (Saom) en collaboration avec l'Association arabe de lutte contre le cancer (Amaac), selon l'APS. «Le Pr Messaoud Zitouni, chargé par le président de la République de la mise en œuvre du Plan cancer, présentera dans les jours à venir le plan finalisé au chef de l'Etat», a précisé le Pr Bouzid. Son application est prévue pour le début de l'année et les résultats seront évalués en 2019, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le Pr Bouzid a souligné que les rendez-vous en radiothérapie ont été réduits à 4 semaines au maximum, après le diagnostic positif de cancer. Il a ajouté, à ce titre, que l'ouverture des nouveaux centres anticancer, à savoir ceux de Batna, Sétif et Annaba permettra de prendre en charge dans les délais requis tous les malades atteints de cette maladie. Le Plan cancer, élaboré par le Pr Zitouni, pneumologue, chef de service à l'hôpital de Beni Messous, en collaboration avec les professionnels de la santé, englobe effectivement les grands axes sur lesquels il faut sérieusement agir, mais cela n'est pas suffisant, selon certains professionnels. La budgétisation et la fixation des délais de réalisation des actions définies dans les axes liés à la prévention, le dépistage précoce, l'information et la formation sont primordiaux. «Sans les enquêtes épidémiologiques sur la prévalence des cancers primitifs et métastatiques, le nombre de malades traités en oncologie, en radiothérapie et en chirurgie sur les facteurs de risques sur lesquels il faut agir rien ne peut être fait. Comme il est important également d'assurer la formation de la ressource humaine», a-t-on estimé. Les consensus thérapeutiques sont également les premiers aspects à définir et à valider afin de pouvoir commencer à appliquer et surtout mettre en place des structures nécessaires pour assurer cette prise en charge, telles que la douleur et l'accompagnement en fin de vie sont encore insuffisantes, voire inexistantes. «Il est aussi important de savoir qui prendra en charge tous ces aspects. Il s'agit donc bien d'un programme national qui nécessite un financement spécifique», a-t-on ajouté. Le Pr Zitouni, coordonateur de ce plan, se félicite de la méthode appliquée pour le mettre en place. «L'élaboration de ce Plan cancer a été faite en collaboration avec toutes les structures du ministère de la Santé, qui à leur tour auront à l'endosser. Un comité de pilotage sera donc mis en place et qui suivra l'application de toutes les mesures prévues sur une période de cinq ans», nous avait-il confié dans un entretien qu'il nous avait accordé le mois dernier. Le Pr Zitouni reconnaît effectivement que des actions préalables doivent être engagées dans le cadre de la prévention et la prise en charge qui sont, selon lui, la clé de tous ces problèmes. «Un travail sur cet aspect-là, a-t-il signalé, est déjà fin prêt». Il s'agit du rapport du ministère de la Santé coordonné par la Direction de la prévention en collaboration avec l'Union européenne dans le cadre du programme PASS pour la lutte contre le cancer. Ce rapport concerne la lutte contre les facteurs de risques tels que le tabagisme. Le Comité national de lutte antitabac a été réactivé et présidé par le Pr Zidouni. «Il y a une nouvelle dynamique qui commence à se créer pour la lutte contre les facteurs de risques», a-t-il ajouté. Par ailleurs, au sujet de la fréquence des cancers, le chef de service oncologie au CHU Blida, le Pr Ada Bounedjar, membre de bureau de l'Amaac, a rappelé que l'Algérie enregistre 45 000 nouveaux cas de cancer annuellement. Le cancer le plus répandu en Algérie est celui du sein qui enregistre 10 000 nouveaux cas chaque année, suivi de celui du colon avec 4000 nouveaux cas, et celui du poumon avec 3500 nouveaux cas par an. S'agissant des causes des cancers, il a cité la pollution, le changement du mode alimentaire et le tabac, relevant tout de même que 10% des cancers sont d'ordre génétique. En outre, le membre du bureau de l'Amaac a souligné que les pénuries de médicaments contre le cancer sont maîtrisées dans toutes les wilayas du pays et que 500 médecins ont été formés pour la prise en charge du cancer dans les 40 centres anticancer de l'ensemble du territoire national. Il a assuré que les malades ne seront plus dans l'obligation de se déplacer dans les grandes wilayas du Nord pour se faire soigner. Trois thématiques principales ont été retenues pour le congrès, à savoir le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer du nasopharynx. Environ 400 participants ont pris part à cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre de la formation continue des médecins et de l'échange d'expérience entre les médecins algériens et étrangers. Le congrès de la Saom se tient du 21 au 22 novembre à l''hôtel Sheraton d'Alger.