L'ONU avait bien décrété et dès 1974 que le sionisme était «une forme de racisme et de discrimination raciale». Ce sont pourtant les dirigeants israéliens qui ont conduit à l'adoption de la résolution 3379 de 1975, à travers non seulement leurs actes, mais les lois qui les autorisent et les couvrent sans jamais y renoncer. Au point que même les plus proches alliés d'Israël ont fini par ne plus rechercher leurs mots pour traiter de la politique israélienne.Trop de prudence devaient-ils se dire et ils l'ont fait savoir, a conduit à la situation actuelle, laquelle constitue une menace pour leurs propres intérêts. Aussi y voyaient-ils, avec du retard il est vrai, une des raisons de l'extrémisme, mais surtout un nouvel apartheid, même si cela a été dit en petit comité, la réaction israélienne constituant dans ce cas précis une preuve irréfutable. Le mot est lâché, même par des hommes politiques israéliens, bien que ce soit sous la forme de crainte.Et en ce sens, il n'y a qu'un pas que les ministres israéliens ont franchi sans la moindre hésitation ni scrupule, en votant une loi visant à renforcer le caractère juif de l'Etat d'Israël fondamentalement incompatible avec le caractère démocratique tant vanté, mais en réalité inexistant comme le prouve le quotidien des Palestiniens en Israël, considérés comme des citoyens de seconde classe, car sans droits et exposés à toutes les formes d'agression racistes. Au point que des députés israéliens aient appelé à assimiler ces actes racistes à des «activités terroristes», tandis que le département d'Etat américain a déploré que ces actes «dans leur majorité n'aient pas donné lieu à des poursuites». Comment cela aurait-il pu l'être alors même qu'il s'agit là de la politique israélienne avec son ultime acte voté hier, selon lequel Israël ne serait plus défini dans les Lois fondamentales, qui font office de Constitution, comme «juif et démocratique» mais comme «l'Etat national du peuple juif». Pour les Palestiniens, il s'agit là d'une «inscription du racisme, déjà présent dans la rue, dans la Loi et au cœur du système politique», soulignant que «la démocratie garantit que tous les citoyens ont les mêmes droits et sont égaux face à l'Etat, mais cette modification raciste introduit une distinction sur la base de la religion». L'enjeu, s'il faut parler ainsi, car il est porté comme nouvelle condition dans la négociation, a été dévoilé par les Palestiniens dès le 12 mars dernier dans sa forme actuelle et rapporté à l'opinion internationale. A l'issue d'une réunion autour du président Mahmoud Abbas, ce jour-là, le Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (CEOLP) a dénoncé «les tentatives d'arracher une reconnaissance de la judéité de l'Etat d'Israël afin d'effacer d'une phrase l'Histoire et les droits des Palestiniens». Les dirigeants palestiniens se refusent à ce qu'ils considèrent comme une capitulation sur ce qu'ils ont de plus sacré, le souvenir de la «Nakba» (catastrophe) des centaines de milliers de Palestiniens forcés à l'exil en 1948 lors de la création d'Israël, et leur «droit au retour» inscrit dans l'agenda des négociations. Ils rappellent également qu'ils reconnaissent déjà l'Etat d'Israël depuis 1993 et que cette exigence n'a été présentée ni à l'Egypte ni à la Jordanie, les deux pays arabes signataires d'un traité de paix avec Israël. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a d'ailleurs qualifié au lendemain de cette réunion, d'«erreur» l'insistance du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, à faire de la reconnaissance d'Israël comme «Etat juif» par les Palestiniens une condition sine qua non d'un accord de paix. Le gouvernement israélien a pris position hier, alors même que s'installe la peur du lendemain. Car il s'agit bien d'une déclaration de guerre.