Avoir les mêmes chances d'accéder aux soins partout en Algérie, guérir et bénéficier des innovations. Une nouvelle stratégie de lutte contre le cancer et ses facteurs de risque est désormais définie dans sa globalité à travers l'évaluation du Plan cancer sous forme d'un rapport élaboré par un groupe de professionnels sous la responsabilité du Pr Zitouni, qui sera remis au président de la République, dont une copie est en notre possession. L'objectif principal de ce plan cancer est de permettre à chacun, partout en Algérie, d'avoir les mêmes chances d'accéder aux soins, de guérir et mettre à la disposition des patients atteints de cancer le plus rapidement possible des innovations. Le rapport de 132 pages vise ainsi à l'amélioration de la vie des personnes atteintes de cette pathologie et à protéger les personnes saines pour ne pas être touchées à travers la réorganisation de soins, la formation, le renforcement de la réglementation et la diversité des financements. C'est ainsi que la prévention et le dépistage constituent les axes prioritaires des rédacteurs de ce rapport qui n'a ignoré aucun aspect lié directement à la prise en charge de cette maladie. Parcours du malade, Tâches des professionnels, Communication, Financement, Formation-Recherche, Prévention et Réglementation sont autant de points abordés et suivis de propositions et d'actions concrètes. Ce qui appelle à un effort collectif et à la mobilisation de tous les moyens d'intervention à travers les systèmes de santé et de solidarité. Sept groupes de réflexion mis en place le 17 septembre 2013 ont travaillé dans un cadre multidisciplinaire et multisectoriel permettant une large concertation qui a abouti à «l'émission de propositions consensuelles qui font l'objet du présent rapport» et qui feront normalement de ce plan une stratégie ambitieuse. «Dans le cadre de la lutte contre le cancer, les nombreuses tentatives de mise en place de programmes et plans initiés ces dernières années n'ont pas pris en considération la grande complexité du phénomène ni les priorités en termes d'objectifs à atteindre. Tout ceci pourrait expliquer l'insuffisance des résultats malgré les gros investissements consentis», relèvent les auteurs de ce plan.Le travail a consisté donc à définir les priorités et à trouver des solutions à court, moyen et long termes. Après avoir donné un aperçu sur la maladie, sa progression dans le monde et en Algérie dont l'incidence avoisine les 50 000 nouveaux cas et son historique, le Pr Zitouni et ses collaborateurs ont procédé à l'analyse des cancers par localisations et qui ont fini par juger que 5 cancers devront bénéficier d'une attention particulière sur les 7 les plus fréquents. «Comme nous venons de le voir, les sept (07) cancers les plus fréquents représentent 70% de tous les cancers et nécessitent une attention particulière, leur pronostic pouvant être amélioré par la prévention (poumon, col de l'utérus) le dépistage (sein, colo-rectum, col de l'utérus) ou la détection précoce (prostate, vessie, thyroïde, colo-rectum)», lit-on encore dans le rapport qui précise que cette perspective de mutation définitive du profil épidémiologique de la population algérienne doit induire à la fois une modification totale de la formation médicale et une réorganisation du système de santé pour le rendre apte à répondre aux besoins de santé de la population algérienne. Des propositions ont alors été faites sur la base d'un rapport préliminaire portant sur l'état des lieux. «Les grandes lignes de cette stratégie existent déjà et les principaux fondements sont en place. Les atouts disponibles doivent être exploités à bon escient et adaptés à la lutte contre le cancer, notamment en corrigeant les dysfonctionnements tels que les lourdeurs bureaucratiques constatées à tous les niveaux de la pyramide des soins, la fragmentation de l'approche des problèmes, l'insuffisance de coordination, et enfin l'absence de système d'évaluation basé sur des procédures précises. La mise en œuvre de cette stratégie devra s'appuyer sur des propositions concrètes dites propositions actions dérivées des axes fondamentaux», a-t-on souligné et de conclure que la mise en place du futur plan cancer Algérie pour la période 2015-2019 se défendrait parfaitement dans la mesure où ce plan respectera les axes principaux recommandés par l'OMS, à savoir la prévention, la détection précoce, le diagnostic, le traitement, la réadaptation, les soins palliatifs, la recherche de solutions innovantes, l'évaluation des résultats, et s'inscrira ainsi dans une projection dans les moyen et long termes, pour lesquels on pourra disposer d'une visibilité budgétaire, et où on pourra évaluer les impacts sur le vécu des patients. A noter qu'un hommage est rendu au Pr Ameur Soltane, chirurgien thoracique, décédé il y a une année, qui a contribué à l'élaboration de ce rapport.