L'affirmation peut sembler paradoxale. Elle trouve tout son sens dans les marques d'affection que Abdelmalek Sellal s'est fait fort d'afficher hier, à Paris, à l'adresse de son homologue français. Manuel par-ci, Manuel par-là... et petite blague en passant. «Il y a du pain sur la planche», reconnaît Manuel Valls, Premier ministre français, quand il évoque la relation France-Algérie. «Et du bon pain !», rétorque Abdelmalek Sellal devant une salle hilare. Ou presque. Dans l'assistance, la question de Reuters sur l'affaire Tibehirine vient calmer les ardeurs. «Vous me posez la question à moi ? Je vous en remercie», répond le Premier ministre algérien avant d'assurer que la coopération judiciaire entre les deux pays est totale sur ce dossier, en dépit des critiques formulées par le juge français Marc Trévidic. «Coopération positive», reprend «Manuel». «Abdelmalek» ajoute une pensée pour Hervé Gourdel, assurant que l'armée agira dans cette enquête comme à Tiguentourine : avec détermination. Deuxième coup de bise quand Le Petit Journal de Canal+ lève la main. «Comment va Monsieur Bouteflika ? Est-il prévu qu'il rende visite bientôt à François Hollande ?». Abdelmalek Sellal fronce les sourcils, assure que le Président va bien, qu'il dirige le pays et confirme qu'il a été hospitalisé récemment pour une «visite de routine». Et s'en sort avec une pirouette : «J'ai proposé ce matin à François Hollande de venir le voir à Alger.» «Manuel» sourit. Moins acrobatiques, les promesses du Premier ministre algérien aux représentants de la Mosquée de Paris, qu'il a rencontrés dans l'après-midi. «On vous aidera sur le hallal, vous pouvez compter sur nous. Mais essayez d'abord de faire taire vos désaccords», lâche-t-il à la fin de la rencontre, avant que n'éclate une dispute entre deux officiels. A ceux qui le supplient de ne pas se laisser impressionner par les menaces sécuritaires, le Premier ministre répond par une boutade : «Wallah personne ne peut nous faire peur. Dima waqfin (toujours debout) !»