A la veille de la célébration mondiale de la Journée des droits de l'homme, le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH) a publié un rapport sur les menaces touchant à la liberté de réunion et de rassemblement dans la région euroméditerranéenne. Un droit particulièrement bafoué par les autorités algériennes et celles des pays de la rive sud de la Mare nostrum. Dans le chapitre consacré à l'Algérie, le REMDH, regroupant 80 organisations et institutions de défense des droits de l'homme, relève que «depuis 1991, la liberté de réunion et de manifestation en Algérie est sérieusement entravée par les lois et des pratiques abusives qui limitent l'exercice de ce droit… 2011 et 2012 ont été marquées par l'adoption de réformes légales comme la levée de l'état d'urgence contrecarrée par l'approbation de différentes lois limitants encore plus les droits des citoyens, en particulier, les libertés d'association et d'expression. Le maintien de dispositions légales restrictives rend difficile l'organisation de manifestations et de réunions publiques». Ainsi, précise le rapport du REMDH, les mobilisations autour de revendications socioprofessionnelles se sont poursuivies notamment chez les gardes communaux, les étudiants, les travailleurs de la santé et de l'administration publique, concomitamment à un durcissement de la politique de répression. «Beaucoup de manifestations ont été dispersées, quelques-unes dans la violence, et certains activistes poursuivis en justice. Dans les villes du sud du pays, les mouvements de chômeurs et de travailleurs en situation précaire, revendiquant leur droit à un travail digne, ainsi que des employés d'entreprises multinationales, ont considérablement augmenté à partir de 2013.» Pour l'année 2014, le même rapport rappelle que la période précédent l'élection présidentielle, notamment durant les mois de février et mars, des centaines de manifestants ont été arrêtés, surtout à Alger, lors de rassemblements convoqués par la société civile. Le REMDH note le procédé subtil trouvé par les autorités algériennes afin de faire barrière aux réunions, et ce, en exigeant une autorisation préalable qu'elles refusent d'accorder puisque en définitive elles ne délivrent pas le récépissé de déclaration pour la tenue de l'évènement. «L'absence d'un récépissé de dépôt de demande ou d'une notification interdisant la manifestation empêche les organisateurs de présenter un recours devant l'autorité administrative compétente», indique le rapport. Ce dernier rappelle que le 8 janvier 2014, une circulaire du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, interdisaient à 19 associations, dont la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, de pouvoir obtenir l'autorisation de tenir des réunions publiques avant que le wali n'ait consulté le ministère, et ce, au prétexte de conflits internes à ces associations. «Lors de rassemblements non autorisés, les forces de l'ordre interviennent très souvent pour empêcher l'évènement de se tenir ou le disperser dès le début. Leur intervention implique l'occupation du lieu où doit se dérouler la manifestation, le blocage des accès piétonniers et des moyens de transport utilisés par les manifestants pour arriver sur les lieux, et l'arrestation préventive des manifestants dans les rues adjacentes et dans les stations de transports publics… Des policiers en civil interviennent aussi pour interpeller les manifestants et même pour les neutraliser avant et après les manifestations.» Et d'ajouter que, lors de ces manifestations, les journalistes sont souvent empêchés de travailler par les policiers.