Malika Domrane a estimé que les chansons algériennes des années 1980 sont meilleures, comparées à celles d'aujourd'hui. Malika Domrane a la nostalgie des années 1980, les années fast de la chanson d'expression kabyle. Mardi soir, sur la grande scène du 7e Festival national de la chanson et de la musique amazighes de Tamanrasset, elle a repris des titres qui ont fait sa gloire. Des chansons de ses nombreux albums, dont Asaru et Nostalgie. Elle n'a pas oublié de rendre hommage, comme elle le fait souvent, à Maâtoub Lounès à travers deux chansons. Comme elle a évoqué le combat des militants pour la cause amazighe des années 1980, les victimes des émeutes de 2001, Mouloud Mammeri et Tahar Djaout. «Je n'ai pas retourné ma veste! Je ne suis pas corrompue. Liberté ! Liberté ! Liberté !», a lancé Malika Domrane sur scène. Interrogée en coulisses après la fin du concert, la chanteuse a répondu aux journalistes qu'elle reste fidèle à elle-même. «Je reste fidèle à ceux qui sont morts pour la démocratie. J'ai beaucoup de respect pour ceux qui sont morts pour un idéal. C'est pour cela que je dis que je n'ai pas retourné ma veste. En exil ou en Algérie, je reste la même. Je continue de militer pour l'identité et la culture berbères. Je lutte aussi pour les droits des femmes. Je m'intéresse aux problèmes sociaux que les gens vivent», a-t-elle déclaré. Malika Domrane a confié qu'elle adore la musique moderne : «Une musique qui touche à l'universalité. On peut s'exprimer avec cette musique partout dans le monde. Au Canada, en Italie, partout où je suis passée, les gens ont compris mes chants. Lorsque je reviens en Algérie, je me ressource dans le folklore. Mais il me faut toujours un habillage moderne. Cela dit, je préfère donner plus d'importance à la voix. Il ne faut pas que la musique domine le voix du chanteur. La voix a une âme.» Selon elle, la plus belle musique a été composée et jouée dans les années 1980 en Algérie : «Je suis peut-être une éternelle nostalgique, mais je préfère la musique de cette période à celle d'aujourd'hui. La musique des années 1980, les années d'or, était pure. Musique, paroles et voix étaient en harmonie. Je n'aime pas la musique d'aujourd'hui, il y a trop de bruit.» Elle a confié avoir des problèmes de production pour son prochain album. «Dans cet album, je m'attaque aux problèmes sociaux des Algériens. Il y a un mal-vivre, un mal- être en Algérie. Les gens fuient le pays. En Europe, les jeunes vivent, s'éclatent. Ce n'est pas le cas des jeunes Algériens», a-t-elle regretté. Amirouche Ighounem est, lui, venu de M'chounech, dans la région de Biskra interpréter un chant chaoui acoustique. Malgré quelques difficultés sonores, le chanteur et ses musiciens ont pu capter par moments l'attention du jeune public. Un public qui donnait l'impression de découvrir une manière nouvelle de chanter avec une sonorité proche des ballades musicales, voire des berceuses. Le style rahaba est présent dans la musique de Amirouche à travers le bendir et la flûte. «Je m'intéresse aux textes dans mes chants. J'écris mes propres textes, comme je puise dans le patrimoine poétique chaoui. J'ai commencé le chant dans les années 1980. Vers 1992, grâce à l'émission ‘‘Bled Music'', une de mes chansons a eu du succès. Malheureusement, cette émission a été arrêtée. La musique n'a pas de frontières. Je m'inspire de mon patrimoine, mais je reste ouvert sur le monde. Je ne sais pas si je suis un chanteur engagé, mais je chante l'amour, l'exil, la souffrance, la vie, la liberté...», a soutenu Amirouche Ighounem, plaidant pour la défense du style rahaba menacé de disparition. Lors de la première partie de la soirée, le groupe Toumast de Tamanrasset a enflammé la foule avec une musique construite autour de la guitare électrique et des percussions. Nous y reviendrons dans le prochain numéro d'El Watan Week-end.