Engagement - Le chant chaoui des Aurès, une mixture entre l'arabe et le chaoui, a toujours été un chant politique. «Ahna Chawiya latgoulou dallou,djina hawassa wanwalou.»Qui ne se souvient pas de cette chanson de Aïssa El-Djermouni (Aïssa nath Djermoune),qu'il avait chantée à l'Olympia de Paris dans les années 40 et suite à laquelle il avait été chassé de France. Ce style qui remontait le moral des moudjahidine à l'époque coloniale, est, à ce jour, demandé partout dans les festivités qu'elles soient familiales ou officielles et même au sein de la communauté algérienne installée à l'étranger. Le chant chaoui des Aurès, une mixture entre l'arabe et le chaoui, a toujours été un chant politique. Beaucoup ne le savent pas car cet art est chanté en berbère chaoui et ils n'en comprennent pas les paroles. Dans cette lignée, on peut citer l'artiste Djamel Sabri de Oum El-Bouaghi, Massinissa de Batna et Amirouche de Mchounèche aussi», a expliqué le représentant de la radio de Khenchela intervenant lors de la Journée ouverte sur les radios locales tenue à Ghardaïa. Et d'ajouter : «La chanson de l'Est algérien est typiquement amazighe sauf pour les régions de Constantine, Annaba, Tébessa et Skikda fascinées par le malouf qui reste d'origine espagnole.» Il précise que la chanson chaouie est traduite vers l'arabe «taarabte». Elle a ses artistes dont les plus connus sont Aïssa El-Djermouni, Cheikh Bouragaa, Ali El-Khencheli et Brahim Chaoui. «Certains nouveaux jeunes artistes insistent sur la chanson chaouie qui doit être interprétée en chaoui considérant le fait de la chanter en arabe comme une dévalorisation de son origine amazighe», a-t-il ajouté. Ce patrimoine a été hérité des anciens qui refusaient la colonisation et l'oppression selon le même intervenant. En outre, ce dernier a rappelé que l'art musical des Aurès est basé sur deux styles : la gesba et le bendir connus grâce à Aïssa El-Djermouni. Il cite le groupe Rahaba. C'est une troupe de huit personnes formant une belle symphonie regroupant le chant et les mouvements des pieds, deux groupes de 4 personnes qui se font face et qui chantent d'une seule voix notre folklore local. Rahaba est particulièrement connue à Aria, Khenchela, Merouana, Chréa et Aïn Beïda. La troupe Asala de la commune de Tamza est une preuve de professionnalisme dans le folklore. Toutefois les artistes aujourd'hui sont répartis en deux groupes. Les uns chantent le patrimoine des Aurès en arabe comme Houris El-Aychi connu par Salah ya Salah qu'elle a même chantée à l'étranger, Katchosi, Dadi et Hamid Belbeche. D'autres refusent ce principe insistant pour chanter uniquement en chaoui comme Massinissa et Djamel Sabri. Certains ont introduit des instruments de musique modernes comme Kacthou, Hacène Dadi et Massinissa. Des noms se sont imposés sur la scène comme les frères Hallal, Djou, Nezar Nouari, la troupe Your et bien d'autres encore.