La commune d'Aghribs, c'est 16 villages, 15 000 habitants et 65 km2 de superficie. La daïra de Azazga lui tourne le dos, celle d'Azzefoun l'oublie et la wilaya de Tizi Ouzou l'ignore. Les conditions de vie de la population sont ardues. Les manques sont nombreux : structures de loisirs, eau, assainissement, routes. Les responsables communaux ne savent plus où donner de la tête alors que la pression des comités de villages se fait de manière continue. Les assemblées des villageois suivent les interpellations écrites du P/APC, du chef de daïra d'Azzefoun et du wali. Dans une requête datant du 19 juillet dernier adressée aux différentes autorités, le comité de village énumère les revendications : « Les problèmes ne manquent pas dans nos villages ; absence d'assainissement, d'infrastructures sportives et culturelles, pas de logements, d'emploi, de ramassage scolaire, d'éclairage public, d'extension du réseau d'électricité, de gaz de ville. Mais l'urgence demeure l'eau et les routes. C'est vital . » Dans certains foyers, l'eau n'a pas coulé des robinets depuis 16 ans. La commune vit une crise d'eau sans précédent. Le cri de détresse de Rabah Irmèche, P/APC est plein de désespoir. « Les citoyens constatent que cette question sensible n'est pas prise en charge. Ils menacent de recourir à des actions de force en direction des responsables concernés comme l'ADE, la DHW et d'autres administrations. » Les frustrations engendrent de la colère chez les habitants. Les projets de développement tardent à venir. L'état des routes est piteux également. Le chemin communal Taboudoucht-Boubekeur, la RN 71 qui mène vers Azazga et le chemin de wilaya qui relie Aït Rehouna sont quasiment impraticables, signale un responsable communal. Pourtant, ces axes routiers desservent de nombreux villages. Les projets de PCD locaux dont la commune a bénéficiés, sont insuffisants pour répondre aux besoins du développement communal. « Aucun projet sectoriel n'est proposé cette année à notre commune », déplore le P/APC. Le problème de l'assainissement se pose également avec acuité. Les eaux usées qui se déversent en plein air provoquent des conflits entre les habitants, polluent la nature, a indiqué le P/APC, qui affirme en sus : « Seul Aghribs-Centre est déclaré assaini, mais sans jamais l'être réellement. Le réseau d'assainissement réalisé dans les années 1980 de façon hâtive est aujourd'hui hors d'usage. Tous les tronçons sont dans un état lamentable. Les casses, les obstructions et les inondations sont fréquentes. Malheureusement, nos interventions pour colmater les brèches reviennent chères à la trésorerie de la commune et bien sûr ne durent pas dans le temps puisque les mêmes problèmes ressurgissent dans d'autres endroits. » La commune attend l'affectation d'enveloppe budgétaire spéciale pour la réfection totale et l'extension du réseau. L'attente est longue. Au village Boubekeur, les villageois tentent eux-mêmes de distribuer avec équité l'eau puisée de la source. L'eau est répartie par litre et par habitant. Un baudet chargé de jerricans monte péniblement la pente du village. Le garçon qui le suit a l'air très fatigué. L'un et l'autre partagent la même lassitude.