Environ 700 retraités de la Sonatrach ont déposé une plainte contre leur employeur auprès de l'Inspection du Travail. Presque tous sont des retraités des unités Sonatrach de la plateforme industrielle d'Arzew. L'Inspection du travail d'Arzew a connu, ces derniers mois, une affluence inhabituelle. Souvent, la grande salle d'attente n'arrivait plus à contenir les plaignants. Nous avons appris qu'environ 700 retraités Sonatrach ont déposé une plainte contre leur employeur auprès de cette institution et que presque tous sont des retraités des unités Sonatrach de la plateforme industrielle d'Arzew. Le motif est le même pour tous: «la non application de la convention collective de l'entreprise Sonatrach concernant une de leurs indemnités». Certains en sont à leur première tentative de conciliation. Pour beaucoup, c'est le deuxième rendez-vous. Auprès de ces derniers, nous sommes informés de «l'indifférence» des responsables : «Aucune unité Sonatrach ne s'est présentée jusqu'à présent ! Après deux convocations, on nous délivre un procès-verbal de non conciliation et nous introduirons notre plainte auprès du tribunal d'Arzew». Certains nous confient : «Tous les collègues retraités sont unanimes, la justice fait un travail irréprochable jusqu'à présent ; cela doit être salué au plus haut point. Beaucoup de plaignants en sont au niveau de l'expertise pour le calcul des montants dont ils ont été spoliés par Sonatrach». En juin 2009, la Sonatrach a mis en application son nouveau système de rémunération (NSR) qui devait répondre principalement à trois impératifs, la revalorisation des salaires et la réduction de la fuite des cadres, le recentrage de l'entreprise sur ses métiers propres et l'évolution des carrières par le mérite. Ainsi les échelons et toutes les primes sont allés constituer le nouveau salaire de base du travailleur. Exception faite pour l'IEP à laquelle le système a attribué une nouvelle appellation : Indemnité Ancienneté Groupe (IAG). «Toutefois, cette dernière a conservé le même sens que l'IEP». Le taux de l'IEP, qui apparaissait sur les bulletins de paie d'avant juin 2009 et qui expliquait le montant de cette indemnité, a disparu dès lors que l'IAG est apparue. Les travailleurs ont constaté que cette IAG est «calculée sur l'ancien salaire de base» alors que l'indemnité de l'expérience professionnelle est tributaire du salaire de base actualisé du travailleur. Les retraités de Sonatrach-Arzew sont catégoriques quant au bien-fondé de leur revendication. Ils citent une série de textes de loi, notamment le décret 85-58 du 23 mars 1985 portant Indemnité d'expérience et la Loi 90-11 du 21 avril 1990 régissant les relations de travail. «Nous demandons juste que la convention collective de Sonatrach, signée en novembre 1994 et non dénoncée à ce jour, soit appliquée». L'Indemnité de l'Expérience Professionnelle (IEP) est versée à tout travailleur Sonatrach à partir de sa deuxième année d'expérience. Un barème fixe le taux de départ et celui de sa progression. La Convention Collective de l'Entreprise, que nous avons consultée, énonce, notamment en son article 67, «L'IEP est calculée sous la forme d'un pourcentage du salaire de base et évolue avec le salaire de base du poste occupé et le nombre d'années d'ancienneté au cours de la carrière dans le secteur et/ou hors secteur». Ils nous expliquent ensuite que «la loi, la Convention Collective de Sonatrach, le manuel de gestion de Sonatrach définissent et déterminent l'IEP». Puis ils ajoutent : «Nul ne peut se permettre d'introduire un quelconque changement de cette indemnité sans le prévoir dans ces textes ! Le nom a changé mais le libellé est le même sur la fiche de paie!» «Nous remarquons que Sonatrach parle d'un accord collectif signé entre le syndicat et la direction en juillet 2007». «Il n'y a jamais eu d'accord collectif ! C'est juste des conclusions de réunions tenues en 2007!» «En outre, ajoutent les retraités, même ce texte a été déposé auprès de l'Inspection de travail trois ans après sa signature alors que la loi donne un délai d'un mois!» Les retraités se disent «trahis par le syndicat qui ne lève pas le petit doigt pour exiger que la réglementation soit appliquée». Devant notre étonnement de ne voir que les retraités au niveau de l'Inspection du travail, certains nous avouent que les travailleurs actifs ne se plaignent pas par crainte de représailles de la part de leurs unités. D'autres retraités rencontrés à Béthioua nous ont affirmé que la Justice leur a donné raison et qu'ils attendent que Sonatrach obéisse au verdict et les régularisent selon le rapport de l'expert désigné par le tribunal d'Arzew.