Fen El Khachaba, d'après L'art de la comédie, d'Eduardo de Filippo, adaptée et mise en scène par Mohamed Charchal, sera à l'affiche du TNA le 15 janvier à 18h30 et le lendemain à 16h. Ce sera la générale de ce spectacle par lequel Charchal signe son retour à l'art des tréteaux après sept années de bannissement par les tenants du théâtre public. Pour rappel, Mohamed Charchal, un dramaturge complet (comédien, auteur et metteur en scène), est des plus talentueux artistes qui ont refondé le théâtre algérien durant les tragiques années 1990, cela tant au plan de la thématique et de l'esthétique, mais tout en demeurant fidèle à la généreuse éthique que lui ont imprimée les Alloula et tous ses autres pères fondateurs. Après avoir été exclu de toute activité théâtrale vers la fin des années 2000, il s'était reconverti en scénariste à la télévision, notamment au service de la série à succès Djemaï Family. Connu pour être un écorché vif, il n'avait pas toléré les iniques oukazes de ceux qui étaient en charge d'appliquer la politique du ministère de la Culture. Il l'avait proclamé haut et fort. Et c'est paradoxalement Khalida Toumi, avant de quitter son poste, qui lui a remis le pied à l'étrier en l'imposant en tant que membre de la commission de lecture pour le théâtre au titre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe» ! Cependant, pour ce qui est de L'art de la comédie, le spectacle a été monté par les moyens de Dhia El Khachaba, une coopérative théâtrale de Tiaret qui l'avait sollicité. Il lui a proposé le texte qu'il avait adapté. Dans cette pièce, Eduardo de Filippo (1900-1984) y traite des rapports ambigus entre le théâtre et le pouvoir, ce qui correspond exactement aux préoccupations de Mohamed, au regard de la domestication de nombre de ses confrères par le pouvoir depuis les années 2000. A cet égard, les créations de Mohamed ont pour la plupart abordé la question du pouvoir politique, des intrigues dans le sérail pour son accaparement et des tragédies qu'il provoque. Sauf qu'avec Fen el khachaba, c'est la tragédie ou l'absurde, mais cette fois, c'est celui du comique et de la satire qu'il emprunte. Très applaudi lors de l'avant-première à Tiaret, le spectacle est perfectible particulièrement pour ce que est du jeu des comédiens, tous des semi-professionnels issus de plusieurs associations qui, pour la première fois, se sont fédérés autour d'un projet. Ils ont travaillé d'arrache-pied, 14 heures par jour durant un mois tant ils avaient à devoir se défaire d'un art de la comédie qu'ils avaient pratiqué dans un genre qui privilégie la déclamation. Ils ont été pour la plupart d'entre eux formés à un théâtre prétendument du dire, mais qui n'était que celui du discours. Le travail d'autocritique effectué à l'issue de la première à Tiaret a laissé augurer de prometteuses perspectives pour le devenir du spectacle. C'est dire qu'ils auront du mérite si, lors de la générale d'Alger, ils pourront incarner avec justesse leurs personnages, égalisant les performances louables de certains d'entre eux.