Durant la crise financière et économique de 2008-2009, la nécessité de diversifier l'économie revenait régulièrement dans les discours officiels. Mais sur le terrain, le décollage n'a pas eu lieu. Et pourtant, ce ne sont pas les dépenses qui ont manqué tout au long de ces dernières années. Des dépenses qui se sont avérées au final inutiles. Idem pour les études et les recommandations des institutions internationales. Que de temps perdu ! Le modèle économique rentier appliqué dans le pays depuis l'indépendance s'est d'ailleurs fortement imposé entre 2009 et 2014 en dépit des avertissements. Avec la baisse des cours du pétrole, les perspectives de l'économie s'assombrissent. Un signal de rappel pour les décideurs économiques sur l'importance de la construction d'une économie indépendante de la rente pétrolière, même si le chef de l'Etat a tenté d'être rassurant la semaine dernière lors du Conseil des ministres, soulignant que l'Algérie traversera «sans difficultés majeures» les «graves» perturbations que connaît le marché international des hydrocarbures. Comment ? «A travers l'accélération des réformes économiques requises et la construction d'une économie nationale diversifiée et compétitive». Des orientations qui viennent rappeler celles de 2009, lesquelles ont fini par être remises aux calendes grecques. En effet, c'est seulement dans les moments de crise que le dossier de la diversification refait surface. Quand les indicateurs sont au vert grâce à l'argent du pétrole, pas de souci à se faire. Mais quand les problèmes surgissent, place aux solutions conjoncturelles. Une fois que les nuages se dissipent, on reprend les vieilles habitudes pour obtenir les mêmes résultats. Preuve en est, le secteur industriel public, qui a bénéficié d'un soutien continu de l'Etat avec de nombreuses recapitalisation de plus 1200 milliards de dinars, représente aujourd'hui moins de 5% du PIB hors hydrocarbures. L'objectif de porter ce taux à 10% en 2014 n'a pas été atteint. Escompte réaliser ce chiffre en 2015 semble difficile. Car le gouvernement ne compte pas poursuivre cette politique de soutien du secteur public, du moins cette année. LF 2015, inciter à l'investissement productif Il reste maintenant à savoir si les mesures incitatives à l'investissement introduites dans la Loi de finances 2015 (LF 2015) en vue de poursuivre la politique de l'Etat de soutien à l'investissement productif et de la diversification de l'économie nationale apporteront des résultats. Cette loi octroie, pour rappel, d'autres avantages fiscaux aux investissements qui portent sur les activités relevant des filières industrielles. Ces investissements bénéficieront d'une exonération en matière d'Impôts sur les bénéfices des sociétés (IBS) ou d'Impôts sur le revenu global (IRG) et de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) pour une durée de cinq ans et d'une bonification à 3% des taux d'intérêts applicables aux prêts bancaires. Aussi, dans l'objectif de promouvoir l'innovation au sein des entreprises relevant du secteur industriel, l'Etat octroie des avantages fiscaux (TVA et droits de douane) et une prime de formation au profit des investissements réalisés par ces entreprises dans le domaine de la recherche et développement. Le Trésor public prendra en charge, à cet effet, les intérêts bancaires contractés par les entreprises industrielles destinés à l'acquisition et la maîtrise de procédés technologiques en vue d'améliorer le taux d'intégration industrielle et la compétitivité de leurs produits. La LF 2015 stipule par ailleurs la prorogation jusqu'au 31 décembre 2019 de l'application du taux d'intérêt de droit de douane aux acquisitions d'équipements et d'ameublements non produits localement selon des standards hôteliers et entrant dans le cadre des opérations de modernisation et de mise à niveau. Autant de mesures à appliquer et à suivre pour réussir le défi de la diversification, surtout dans un virage aussi dangereux que celui de 2014-2015. Un virage qui intervient, faut-il le noter, après l'échec de tous les programmes de mise à niveau sur lequel il y a eu beaucoup de divergences. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a relevé l'échec du programme de mise à niveau de 20 000 PME lancé en 2012. Seulement 4000 PME se sont engagées dans ce processus pour lequel une enveloppe de 386 milliards de dinars a été débloquée. D'où la nécessité de l'avis du ministre de revoir la loi d'orientation pour la promotion des PME. «Cette loi va réadapter l'Agence nationale de développement des PME (ANDPME) pour qu'elle assure pleinement sa mission de mise à niveau des PME. Elle donnera non seulement un meilleur cadre pour la création des PME et leur développement, mais elle va surtout les protéger et réduire leur mortalité», a indiqué le ministre la semaine dernière. Encore une promesse pour commencer 2015.