La localité côtière de Bou Ismaïl a perdu son âme. Il ne s'agit pas de s'étaler sur la vendetta et les maux sociaux qui caractérisent le quotidien de cette ville située entre Alger et Tipaza, mais d'évoquer les raisons de la discorde enregistrée au sein de l'équipe des élus qui dirige les affaires locales de la commune. « Les 4 élus, dont 3 issus de la formation du FLN, avaient été exclus par le P/APC (FLN), en raison de leur incompétence et de leur volonté de saboter le développement de la commune, déclare le vice-président Bouamama (RND). Notre APC compte 11 sièges. Ces personnes ne travaillent pas pour la collectivité. Aujourd'hui, les citoyens de notre ville se sont présentés au siège de l'APC, afin de nous féliciter des efforts que nous fournissons pour leur bien-être. D'ailleurs, nous travaillons dans la transparence. Il faut qu'ils comprennent que l'ère des incapables et des incompétents est révolue. » Le vice-président nous exhibe la facture des poubelles établie par un fournisseur nommé Bouterfas. « Voyez-vous les cachets du service fait, nous précise-t-il, la facture n'est pas encore payée ». Notre interlocuteur nous montre deux autres factures signées par deux fournisseurs différents, pour justifier l'achat de plusieurs dizaines de poubelles de 240 l, pour un prix unitaire de 7140 DA auprès de Bouterfas. « L'hygiène de la ville de Bou Ismaïl n'a pas de prix », dit-il. Or, les 4 élus évincés, selon les termes utilisés par l'unique vice-président de l'APC, Bouamama, nous ont confirmé avec documents à l'appui, que la poubelle de 240 l coûte 3196,58 DA en H.T. L'écart est évalué à des centaines de millions de centimes, concernant seulement ce chapitre relatif à l'achat des poubelles à ordures. S'agissant du nouvel aménagement de la stèle, notre interlocuteur tient à préciser que c'est à la demande de l'Organisation nationale des moudjahidine et celle des enfants de chouhada et de moudjahidine que nous avons de nouveau engagé des travaux au niveau de cette stèle. Au sujet de la décharge publique, l'unique vice-président de l'APC de Bou Ismaïl reconnaît que la commune de Bou Ismaïl est pourvue d'engins qui ne peuvent effectuer les travaux de dégagement dans ce site. « Nous avons préféré louer un bulldozer pour préserver la santé des populations. Mais je vous répète que l'hygiène pour nous à Bou Ismaïl n'a pas de prix, ajoute-t-il. Néanmoins, le P/APC compte porter plainte contre ces personnes qui ont été écartées, à cause de propos qu'elles ont tenus dans les colonnes d'un autre journal et la justice tranchera », conclut-il. L'ex-P/APC de Bou Ismaïl et deux autres ex-vice-présidents sont formels pour confirmer les malversations relevées dans la gestion de la commune. « Nous souhaitons que la commission d'enquête intervienne et vienne par la même occasion nous interroger pour débusquer les auteurs de ces dépassements qui s'opèrent au sein de la gestion de la commune de Bou Ismaïl. Si nous nous sommes rapprochés de la presse, c'est parce que nous avons constaté qu'il n'y a aucune réaction de la part de la tutelle. C'est vrai qu'aujourd'hui, l'Etat a alloué de fortes sommes d'argent pour améliorer la qualité de vie dans les cités urbaines, mais ce n'est pas une raison pour faire des affaires sur le dos des citoyens. Nous reconnaissons avoir gêné ces individus qui veulent s'enrichir, car ils savent que les échéances électorales sont proches et ne seront même pas réélus. Soucieux de la préservation des deniers publics, nous voulons un assainissement de la situation et les personnes défaillantes doivent être sanctionnées », concluent-ils. La passation des marchés, l'achat des poubelles, la location d'engins pour la décharge publique, sont autant de sujets qui alimentent les discussions dans les rues de Bou Ismaïl, alors qu'un autre quartier populaire situé sur les hauteurs de la ville est en effervescence. La crise qui secoue l'APC de Bou Ismaïl risque d'entraîner les quartiers populaires vers des dérapages. La patience des Castiglionnais a ses limites.