La facture à l'importation flirte avec les 60 milliards de dollars et menace les équilibres financiers externes. A cette inflation d'achats il faudrait ajouter un facteur, souvent omis et qui, pourtant, grève lourdement la balance des services, celui du coût du fret maritime des marchandises et des surestaries et autres frais d'immobilisation. Un secteur, qui représente selon certaines estimations un marché de 12 milliards de dollars et de 3 milliards de dollars de surestaries, dominé en grande partie par les armateurs étrangers qui détiennent 95% des parts. A titre d'exemple, la Compagnie maritime d'affrètement-Compagnie générale maritime (CMA-CGM) détient à elle seule 35% des parts. A contrario, le pavillon national détient une part infime. En effet, seuls 3% des parts de marché reviennent à la CNAN, tandis que Nolis, filiale de fret maritime du groupe Cevital, se penche pour l'heure sur la prise en charge des opérations d'importation de matière première et des exportations menées par sa maison mère. L'hégémonie des armateurs étrangers expose d'ailleurs l'Algérie à certains risques et à des surcoûts systématiques. En effet, les coûts du fret en Algérie sont de 10 à 15% supérieurs à ceux en cours en Tunisie ou au Maroc. Sans oublier les risques d'être exposé au chantage, comme ce fut le cas en 2012, lorsque des armateurs ont exigé d'être payés à l'avance et en devises, auquel cas ils menaçaient de quitter le marché algérien. Si la question de la réhabilitation du pavillon national revient de manière récurrente sur le devant de la scène, l'idée d'une plus grande ouverture et de l'implication du privé national dans se secteur névralgique de l'économie nationale fait son chemin. L'ambition est affichée par le nouveau patron du Forum des chefs d'entreprises. Au cours d'une rencontre avec le ministre de Transports, Ali Haddad a clairement demandé l'ouverture du transport maritime de marchandises. Une doléance aussitôt prise en charge par le ministre. Amar Ghoul, qui n'a pas exclu une telle possibilité, a toutefois apposé deux préalables. En premier lieu, la réhabilitation de la CNAN dont la flotte devrait passer de 27 à 30 navires. L'objectif étant de porter ses parts de marché à 30%, tandis que le reste pourrait être couvert par le privé national, et ce, en coordination et avec l'appui du secteur public.