La faiblesse des capacités dans ce secteur stratégique est une source importante de transfert de devises vers l'étranger, dans la mesure où les besoins actuels sont assurés dans leur quasi-totalité par des armateurs internationaux. Dans le cadre de son programme de réflexion sur les thèmes intéressant l'entreprise et l'économie algériennes, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) organise, aujourd'hui, un atelier de réflexion sur le transport maritime de marchandises en Algérie, “un potentiel énorme à promouvoir". Le choix de ce thème important, fait suite aux conclusions du symposium organisé en mars dernier par cette association patronale, à l'issue duquel un véritable pacte de croissance était proposé aux pouvoirs publics. Ce pacte ciblait un ensemble de secteurs d'activité autour desquels le FCE proposait, avec un puissant soutien des autorités économiques nationales, de focaliser l'investissement productif des entreprises algériennes, publiques ou privées, en vue d'en faire des leviers de création de richesses, de promotion de la production nationale et de réduction de la dépendance extérieure. “Le secteur du transport maritime de marchandises nous paraît être un secteur particulièrement prometteur, pour de nombreuses raisons", estime le FCE. D'une part, c'est un secteur dans lequel le potentiel de croissance est immense ; il suffit de savoir que le pavillon national assure moins de 3% des volumes de commerce extérieur de marchandises du pays. D'autre part, la faiblesse des capacités de production nationale dans ce secteur stratégique est une source importante de transfert de devises vers l'étranger, dans la mesure où les besoins actuels sont assurés dans leur quasi-totalité par des armateurs internationaux. Ensuite, il faut souligner que les surcoûts importants constatés aujourd'hui sur les taux de fret internationaux vers l'Algérie résultent, au moins pour une partie, de l'absence de concurrents nationaux dans un segment de marché aujourd'hui entre les mains des transporteurs internationaux. “Enfin, il s'agit d'une activité dans laquelle une intervention conjointe d'investisseurs nationaux nombreux pourraient venir conforter efficacement celle de l'opérateur public historique, pour le plus grand bénéfice de l'économie nationale", estime le FCE. L'atelier de réflexion programmé par le FCE vise essentiellement à établir un état des lieux de la situation qui prévaut dans ce secteur économique, suivi de recommandations de nature à servir de base à une politique de soutien au développement de ce secteur vital de notre économie. Pour certains experts, l'Algérie ne dispose plus d'armement pour le transport maritime des marchandises. La quasi-totalité des échanges commerciaux de l'Algérie avec le reste du monde s'effectue par voie maritime, mais le marché échappe totalement aux opérateurs locaux. L'Algérie est assurément un pays vulnérable. Elle l'est encore davantage quand, à l'occasion d'un mouvement de contestation d'un groupe d'armateurs étrangers, on apprend que le transport d'environ 97% des marchandises qu'elle importe est assuré par des compagnies maritimes étrangères. En dépit de nombreuses restructurations et d'une aide financière répétitive, la compagnie publique battant pavillon national ne couvre, dans les meilleures années, que 3% du marché du transport des marchandises, laissant l'essentiel des affaires et des profits aux compagnies étrangères. Alors que dans les années 1980, l'Algérie disposait d'une flotte très importante, composée d'environ 80 navires exploités par la Cnan. Aujourd'hui, la compagnie publique ne disposerait que de 14 navires, 8 vraquiers, 4 navires Multipurpose et 2 navires Ro-Ro. L'âge moyen de la flotte de la Cnan dépasse 30 ans. En d'autres termes, elle est obsolète, vouée à la démolition. En tout, soutient-on, cinq navires seulement sont opérationnels. Le gros des tonnages est assuré par les grands transporteurs mondiaux, entre autres, Maersk, CMA-CGM et MSC. Selon certaines sources, la surfacturation que les armateurs de lignes imposent aux opérateurs, au titre des frais de manutention en Algérie, dépasse les 30 millions d'euros. En l'absence d'un armement national digne de ce nom, qui doit constituer la référence en la matière, les armements étrangers imposeront toujours leurs conditions. Le coût moyen de transport d'un conteneur à l'importation est de 858 dollars en Tunisie, 950 dollars au Maroc et 1 318 dollars en Algérie. À l'exportation, le même conteneur coûte en moyenne 773 dollars en Tunisie, 577 dollars au Maroc et 1 248 dollars en Algérie. M R