Le commerce extérieur algérien est-il menacé ? C'est en tout cas les prévisions de Kamel Khelifa, expert et consultant en transports internationaux et logistique. Pour lui, «si le pavillon national n'est pas renfloué dans moins de deux ans, la totalité de notre commerce extérieur sera entre les mains d'étrangers». Contacté hier pour exprimer son avis sur le projet de création d'une nouvelle entreprise spécialisée dans le transport maritime des marchandises en partenariat avec des étrangers, comme l'a annoncé jeudi Amar Tou, ministre des Transports, M. Khelifa a estimé que ce projet «permettra la redynamisation du pavillon national». Cependant, a-t-il expliqué, le pavillon national pourrait aussi recourir à l'affrètement de navires pour relancer le marché du fret. C'est ce qui est déjà fait par des compagnies de transport privées à l'étranger, a-t-il ajouté. L'expert considère que la création d'une compagnie de transport maritime de marchandises diverses en partenariat avec des étrangers permettrait «une redynamisation du pavillon national à travers des cessions de participations de la Cnan». Cette dernière a déjà cédé, à travers une de ses filiales (Cnan Med), des parts à la compagnie italienne Dario Perioli, de même que Cnan Nord, qui devait céder des parts au groupe Gofast. Mais l'opération a échoué, a-t-il souligné. «Le gouvernement a sans doute ses raisons de recourir au partenariat dans un cadre public, toutefois dans les nouvelles dispositions du code maritime algérien, il est permis à toute entreprise de droit algérien de battre pavillon algérien, en créant un armement ou simplement créer une compagnie de transport maritime en recourant à l'affrètement de navires, ce qui se fait déjà par des entreprises de transport privées, telles que Nolis.» Le développement du secteur permettrait à l'Algérie d'augmenter ses parts de marché. Actuellement, le pavillon national détient moins de 10% de parts de marché, alors que le reste est assuré par des pavillons étrangers. La redynamisation du transport maritime de marchandises contribuerait à la réduction des coûts du fret qui demeurent plus élevés par rapport aux pays voisins. «L'absence d'une stratégie de transport» a engendré une baisse drastique de la couverture du transport des marchandises de son commerce extérieur. «Jusqu'en 1989, notre pays partageait des parts de transport sur les principales dessertes avec sa propre flotte et avec des navires affrétés, atteignant jusqu' à 40% de couverture du commerce extérieur de l'Algérie», a relevé M. Khelifa, ajoutant que «le pavillon national est l'ombre de lui-même avec un taux insignifiant de 2% et sans moyens, laissant notre pays occuper une piètre 153e place dans la logistique mondiale».