Kouider Métaïr est le président de l'association Bel Horizon, une association active depuis 2001 dans le domaine patrimonial. Cet ingénieur en audiovisuel est un passionné du patrimoine oranais. «Je me souviens avoir découvert l'écrivain Prospère Mérimé qui, en 1837, a fait le tour de la France pour la photographier. Le déclic est parti de là : je me suis dit ça serait bien si, un jour, je fais l'inventaire des biens culturels et des monuments historiques d'Oran». Cette réflexion a trotté dans sa tête des années jusqu'au processus de libéralisation du mouvement associatif en 1990 où il a collaboré avec plusieurs associations. L'idée de créer Bel Horizon a coïncidé avec la célébration du 11ème centenaire de la ville d'Oran, en 2001-2002. Le programme de célébration était un peu trop rituel, «ezzradi wel wa3di» comme on disait, avec des manifestations folkloriques et grands couscous. Au niveau de Bel Horizon, on avait fait une contre-proposition : faire des choses qui voyagent dans le temps, un livre et un musée. Au final, le livre est bien sorti, mais le musée n'a pas vu le jour. Les années qui ont suivi, l'association Bel Horizon a décidé de diversifier ses activités. Sa première action a été de former une centaine de jeunes en qualité de guides de monuments historiques. Autre mission de Bel Horizon, «le plaidoyer pour la préservation du patrimoine, avec l'élaboration de certaines études comme l'idée du plan de sauvegarde du patrimoine ou le classement du vieil-Oran». L'association a par ailleurs proposé des plans pour la ville, comme le vieux projet, sorti des archives, du Viaduc qui relie les deux parties du ravin de Ras El Aïn, ou encore l'autre projet de l'aménagement de la place d'armes, avec la délocalisation du centre d'information de l'ANP. L'autre axe important de Bel Horizon : l'exercice de la citoyenneté. Ce volet concerne notamment l'investissement de l'espace public par les habitants de la ville, notamment les fameuses randonnées pédestres du 1er mai (20.000 participants en 2011 !). Au tout début, à la création de Bel Horizon, avec l'idée de sauvegarde du patrimoine, les membres fondateurs pensaient naïvement qu'ils auraient les égards des autorités locales. «Au début, il y a eu quelques encouragements, mais dès qu'on a commencé à déposer plainte contre X pour détérioration du patrimoine, on a eu déjà les premières alertes». Kouider Métaïr dira pour finir que «l'acte de restauration est un acte intellectuel, mais aussi consensuel : tout le monde peut intervenir et donner son avis. Parce que le patrimoine est l'héritage commun de tous les Algériens, il ne peut pas être l'apanage d'un bureau d'études isolé dans sa tour d'ivoire. Il faut adopter une démarche prudentielle, mais aussi participative. Si on commet une erreur, elle est définitivement perdue pour nous, et pour les générations futures». Et de préciser ensuite que pour arriver à l'appropriation du patrimoine par la population, il est nécessaire qu'il y ait un changement de gouvernance locale. «Tant que le patrimoine ne sera pas considéré comme un atout économique, il sera toujours relayé au second plan».