Malek Ali-Yahia, directeur de MD Ciné est l'un des cinq distributeurs de films américains (Columbia, Universal et Paramount) en Algérie. Son dernier coup n'est autre que le Da Vinci Code, de Ron Howard, projeté dans quelques salles algéroises. Mais son souhait est d'avoir de véritables sorties simultanées, hebdomadaires et sur tout le territoire. Il a décidé de sortir de l'ombre, pour parler de l'activité de distributeur et pour tirer la sonnette d'alarme quant aux salles de cinéma dont l'ouverture se fait attendre. Le nombre de salles de cinéma est insuf- fisant… Il y a tout de même un effort consenti dans l'Algérois. Beaucoup de salles sont en phase de réouverture, même si cela semble tarder. Certaines APC créent une véritable émulsion auprès des autres, dont celle de Sidi M'hamed, je déplore seulement qu'on ne fasse pas appel aux professionnels du secteur. A Oran, j'espère vraiment que la cinémathèque ne reste pas l'unique salle de la ville. Que pensez-vous de l'attitude du ministère de la Culture par rapport aux salles ? Il y a un désintérêt total. Un simple exemple : on a demandé l'attribution de salles à l'intérieur du pays, on n'a eu aucun écho. L'Etat n'a pas vocation à gérer ces choses-là. Il y a eu la funeste expérience de 1983, à savoir l'attribution de salles de cinéma à des marchands de brochettes et la catastrophique gestion de celles-ci, mais les choses ont changé, il y a aujourd'hui une nouvelle génération formée entre autres à l'étranger et qui est capable de gérer ces espaces, il suffit de mettre au point un cahier des charges spécifique à respecter. Ensuite, il suffirait de maintenir la formation des exploitants de salle, c'est essentiel. Pour vous, la réouverture des salles serait une aubaine… C'est le dernier verrou pour nous ! Je commence vraiment à m'interroger sur l'intérêt de continuer dans la situation actuelle. Les distributeurs existent et proposent un accès aux films les plus récents, à l'année et au choix, mais faute d'avoir une multitude de salles, le secteur n'évoluera pas. Une dizaine de salles sur l'ensemble du territoire national serait un véritable bol d'air pour nous et pour les spectateurs, parce que la demande existe réellement. Et quelle serait la solution, selon vous ? La solution à terme, c'est l'ouverture de multiplexe, bien sûr. Mais en attendant, il y a un parc existant et il faut le rénover et le mettre à la disposition des professionnels. Que pensez-vous de la lutte contre le piratage ? Je ne comprends pas comment on peut solliciter l'entrée à l'OMC sans changer ces choses-là. Je suis tiers-mondiste, je comprends « l'utilité » des produits piratés à l'époque où l'on était coupé du monde, mais là, la situation a changé. Il devient nécessaire de créer une section juridique spécialisée dans la propriété intellectuelle, tant pour les logiciels que pour l'audiovisuel. Et pour lutter contre le piratage, la répression ne doit intervenir que si la pédagogie et les lois ne règlent pas les choses. Et pour finir, quels sont les prochains films que vous compter ramener ? Miami Vice, de Michael Mann (sorti en juillet dernier), pour commencer, puis Casino Royal, de Martin Campbell (sortie US prévue le 17 novembre prochain). Pour les dessins animés, il n'y a malheureusement pas encore de marché en Algérie.