Le responsable de cette société de distribution cinématographique, lève le voile sur les dessous de son métier... Il a, à son actif, une soixantaine de films distribués en Algérie depuis 1998. Il est le représentant exclusif de Columbia, Paramount, Universal et Fox. Son dernier coup médiatique est la sortie, à peine une semaine après la France, du film du légendaire James Bond, Casino Royale. Dans cet entretien, il nous livre, ici, la démarche et la politique de son entreprise et ses perspectives d'avenir susceptibles d'être compromises dans le contexte d'Alger, capitale de la culture arabe. Il n'omet pas de brosser le tableau, forcément, de la situation du cinéma en Algérie qui connaît un malaise certain, mais il reste, toutefois, optimiste malgré tout... L'Expression: En tant que responsable d'une société de distribution cinématographique (MD Ciné), peut-on connaître votre politique, sachant que vous avez déjà ramené, depuis peu, Da Vinci Code et Casino Royale, des films sortis, récemment, à l'étranger, pour ne citer que ceux-là... Malek Ali-Yahia: Il faut savoir qu'on existe depuis 10 ans. On est la plus ancienne entreprise de distribution cinématographique sur le terrain. Nous avons créé la société en novembre 1997 avec le défunt M.Bouchenafa Houari dont je salue la mémoire. On est, aujourd'hui, à une soixantaine de films distribués sur le marché. Ce qu'on a fait c'est d'appliquer l'adage «pour vivre heureux, vivons cachés», et on a décidé d'être plus visibles, ces derniers temps, ce qui fait que tout le monde croit qu'on a démarré avec Da Vinci Code, alors qu'en fait, on a démarré en 1998. Si les gens ont pu voir Godzilla, Le Masque de Zorro, etc., c'est grâce à MD Ciné. Sinon, concernant notre politique, il faut noter que nous sommes les représentants exclusifs de plusieurs majors américains qui sont Columbia, Paramount, Universal et maintenant je pense Fox, et, à ce titre, nous choisissons dans le catalogue parmi ces quatre sociétés les films à distribuer en Algérie. Avec l'avènement d'«Alger, capitale de la culture arabe 2007 arabe», nous allons un peu diversifier notre politique de distribution. On va, bien sûr, y participer en sortant deux ou trois gros films arabes... Comment évaluez-vous le statut ou position de votre métier, sachant que ce dernier est tributaire ou subit de nombreuses contraintes dont la cherté des copies, des frais de douanes, sans oublier le manque flagrant de salles de cinéma dans le pays? Nous sommes à la croisée des chemins, en effet. On prend des coups de partout. C'est vrai que c'est une activité difficile; si on le fait, c'est parce qu'on y croit, c'est quand même 10 ans de métier, je le répète. On est souvent passés par des moments très difficiles et qu'on a réussi à surmonter. Les frais de douanes, nous pouvons les assumer. Grâce à la signature de l'accord de l'Union européenne, nous pouvons en être exemptés en fournissant un certain nombre de documents, prouvant par là que les copies sont d'origine européenne. On n'a jamais eu de problème pour le visa aussi, je le dis. La question lancinante qui se pose est l'absence de salles de cinéma, sachant, effectivement, qu'on se gargarise avec le chiffre de 400 salles alors qu'on se retrouve avec 4 salles sur le territoire... Vous arrivez à rentrer dans vos frais? Il faut savoir, qu'aujourd'hui, je fais plus dans l'événementiel que la distribution de films. C'est une espèce de direction qu'a pris notre entreprise. Nous arrivons à faire face aux frais qui sont très importants. Cela coûte de l'argent, des films, même si nous sommes des distributeurs, on est tenus de faire rentrer de l'argent, donc, à titre d'exemple, pour la sortie du film Casino Royale, nous l'avons fait sponsoriser par Ford, la marque d'automobile. Celle-ci a mis 20 millions de dollars dans Casino Royale qui a coûté cent vingt millions de dollars à la production. Il est vrai qu'on a reçu un grand soutien auprès de Ford, Elsecom. Pour revenir aux salles, j'ai demandé, récemment, au ministère de la Culture, de faire en sorte, d'ouvrir rapidement dans le cadre d'«Alger, capitale de la culture arabe», les 7 salles qui appartiennent au Caaic et qui sont fermées depuis le 31 décembre 1997 alors qu'il suffirait de reprendre un abonnement à Sonelgaz, de passer un bon coup de balai pour qu'elles refonctionnent. Elles sont dans des villes comme Biskra, Batna, etc. Les habitants de ces villes seront heureux de pouvoir, également, voir des films. J'ai trouvé une oreille très attentive au niveau du ministère et j'espère trouver une réponse rapidement. Sinon, il faut quand même saluer les efforts de M.Zitouni, le maire d'Alger qui a ouvert l'Algéria. Là, ils sont en train de rénover le Débussy, le Casino, l'émulation aidant, maintenant c'est l'APC de Sidi M'hamed qui ouvrira, prochainement, l'Afrique et la Sierra Maestra qui se situe à Meissonnier et puis l'Onci qui ouvrira dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», la salle Atlas. Sur Alger, je pense que mécaniquement, nous amortirons plus rapidement nos films. Par contre, c'est l'APC d'Oran que je ne comprends pas. Cela fait des années qu'on les sollicite. Ils ont trois salles dont le Maghreb et le Feth, en plein centre d'Oran et elles sont fermées parce qu'on n'accorde aucun intérêt, là-bas, à cette activité. Oran n'a pas de salles de cinéma, mise à part la cinémathèque. Grâce à «Alger, capitale de la culture arabe», Alger aura un vrai parc d'ici le milieu de l'année prochaine. Par contre, Oran, Constantine, Annaba, c'est malheureux que de telles capitales régionales n'aient pas de salles! Dans quelle mesure allez-vous participer dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe»? Nous allons y participer, mais il y a une chose qui nous pose problème, y compris aux autres membres de la coordination des distributeurs, Cirta film, Sora production, Kino Max, Tassili film et moi-même. Nous avons créé cette coordination parce que le marché est tellement réduit qu'on ne peut pas se permettre de nous marcher sur les pieds. On s'informe sur la programmation, en bonne composition et bonne entente et cela se passe relativement bien entre nous. Le problème est que l'essentiel de nos activités n'était pas, spécialement, dirigé vers les pays arabes; je comprends bien que l'Etat est en train de réquisitionner les salles pour pouvoir projeter des événements pas seulement du cinéma, mais aussi du théâtre etc. D'ailleurs, on attend avec impatience le programme que Madame la ministre va présenter le 11 décembre prochain, inch'Allah, et je lance un appel aux pouvoirs publics pour connaître, au moins, dès maintenant, quand pourrions-nous disposer de salles pour pouvoir adapter nos programmes de distribution. Il y aura en fait, plusieurs semaines de films arabes; on veut savoir quand pourra-t-on inscrire notre programme parmi toutes ces activités. C'est une affaire d'organisation... Quels sont vos projets? Notre démarche est, justement, de faire sortir les films, le même jour, si ce n'est, à une semaine près par rapport à l'étranger. On fera la même chose avec Spiderman 3 et Shrek 3 si nous avons toutefois de la place. Aussi, j'estime ne pas faire de distinguo entre un gros et un petit film. Cela n'a aucun sens pour moi. Sora Production compte ramener au mois de janvier ce magnifique film de Al Modovar Volver, Hachemi Zertal va sortir Romanzo Criminal qui est l'un des plus beaux films de ces 10 dernières années etc., qui ne seront vus, malheureusement, que par les Algérois. Un dernier mot? J'invite tous les cinéphiles, à partir du 13 décembre, à venir nombreux à la salle Algéria voir le film Casino Royale, parce qu'il y a un concours avec Ford avec des prix à la clé contre un ticket de cinéma. Aussi, grâce à Ford, une campagne publicitaire, pour ce film va avoir lieu grâce à l'affichage du film à l'arrière des bus de l'Etusa. C'est une première.