Princesse Zazou nous fait partager sa bonne humeur et sa joie de vivre à travers une nouvelle collection originale qui se donne à découvrir jusqu'au 12 mars à la galerie Ezzou'Art du centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar. Hania Zazoua, alias princesse Zazou, ne cesse de nous surprendre à chacune de ses expositions. Elle a l'art et la manière de proposer des collections atypiques. Preuve en est avec la présente exposition colorée au titre bien intrigant : «Shadi Madi Qualli Rassi». Dès le seuil, le visiteur est à la fois surpris et séduit par la scénographie totalement inattendue et bien loin des expositions conventionnelles que nous avons l'habitude de voir. La touche contemporaine est des plus présentes. Des œuvres grandeur nature cohabitent avec du mobilier rustique. Diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger et de l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en-Provence, princesse Zazou a plusieurs cordes à son arc. En effet, elle est à la fois artiste plasticienne, vidéaste, styliste et designer. Elle se proclame comme une créatrice d'objets oniriques. «Pour moi, le tableau est aussi un objet. Un objet peut démarrer à partir d'une idée. Je balance des objets oniriques. C'est pour cela qu'on voit plusieurs choses dans mon exposition», indique-t-elle. Les cimaises de la galerie sont tapissées de grandes œuvres transversales et longitudinales. Les couleurs sont vives et éclatantes. La précision et le détail sont de mise dans ses tableaux au contenu au départ bien mystérieux, mais au fil d'un recul suivi d'un décryptage, des détails et des messages sont à l'honneur. Princesse Zazou a usé de termes anciens pour baptiser ses œuvres, à l'image de «Amachahou», ou encore «Machi Hadi». D'autres telles que «Tic-tac», «Signal désorienté» ou encore sans queue ni tête tentent d'aiguiller un tant soit peu le potentiel visiteur. Concernant le titre donné à son exposition «Shadi Madi Qualli Rassi», la plasticienne explique qu'elle a utilisé cette locution de son enfance. «Pour choisir, explique-t-elle quelque chose donnée, on s'en remettait au hasard. Je propose des œuvres qui sont à lire à différents degrés. Il faut du recul. Mon travail, c'est ma réponse à cette actualité politique, à cette injonction à nous positionner et à définir notre identité, qu'elle soit religieuse ou bien dans l'axe du bien ou du mal. Moi, ces éléments je les compose et recompose. Mais par contre, j'ai voulu noyer cela dans de la couleur pour que les premiers degrés soient au moins colorés.» L'univers de princesse Zazou est des plus fantasmatiques. Preuve en est avec le tableau intitulé «Amachahou», où l'on aperçoit des femmes aux yeux de poissons et d'hommes influents aux galons dorés mais dépourvus de têtes humaines. Ces dernières sont remplacées par des lapins ou encore par des poissons. L'ensemble des sujets ploie, entre autres, dans un décor fait de calligraphies, de mosaïques et de coupures de presse. L'artiste indique : «C'est l'histoire de nager en eau trouble, c'est pour cela qu'on retrouve des poissons. Je ne donne pas d'interprétation figée. Il y a cette mobilité et toutes ces questions que j'ai mises en vrac. Chacun recompose comme il veut et comme il peut.» Dans l'imposante œuvre «Tic-tac», trois dames sont positionnées symétriquement dans le sens d'une montre. La plasticienne livre également un autoportrait violent où l'on distingue son visage décomposé. Un hommage posthume est rendu à toutes les grand-mères à travers ces deux œuvres de femmes en forme de médaillon réalisées à partir d'un support en bois servant pour la broderie. Mieux encore, un divan et trois fauteuils rustiques sont exposés, mais dans un tissu d'ameublement aux couleurs et aux motifs bigarrés. Princesse Zazou ne se cantonne jamais dans une seule technique. Elle est adepte du «Mixed Média», regroupant de la broderie, du collage, de la peinture, de la dentelle ainsi que l'art digital. C'est parce que son travail est des plus époustouflants qu'un détour du côté de Ezzou'Art est conseillé.