Les tableaux de Khadidja Abdelmoumen procurent apaisement et rêverie. Les 32 œuvres exposées proposent des thématiques différentes dont le souci de l'esthétique se devine en filigrane. Khadidja peint avec passion. Il faut l'entendre parler de ses œuvres, par ses coups de cœur et ses inspirations. Et si vous lui demandez sa technique pour arriver à de tels ouvrages, elle vous répondra presque en s'excusant que le mérite revient à son père qui lui a inculqué un capital de ressources inestimable. Tout a commencé pour elle à l'âge de 34 ans. Promue directrice d'une crèche publique, ce nouveau métier a été, pour ainsi dire, le catalyseur de ses penchants artistiques. Elle se retrouve confrontée à la nécessité de mettre de la couleur et de la lumière dans cet espace, dédié à l'enfance. Alors qu'elle avait, depuis son jeune âge, peint sur de petites surfaces, la voilà exploitant de grands murs. Elle laissera libre cours à cette passion dévorante. A la même époque, elle découvre le plaisir de la peinture paysanne sur bois et les couleurs chatoyantes des émaux à froid, la céramique, les vitraux, les peintures slave et chinoise. Khadidja explique que l'art a toujours été le moteur de ses actions, mais c'est la peinture qui emportera ses faveurs. La peinture s'est imposée à elle comme un moyen d'expression alternatif, faisant appel à d'autres sens et permettant d'exprimer différemment ses émotions. Selon elle, l'art doit être en mouvement et en effervescence. Dans la présente exposition, l'artiste se plaît à présenter des thèmes puisés du terroir ancestral. En effet, on retrouve La Casbah d'Alger avec ses venelles, ses arcades et ses femmes voilées, les bijoux berbères avec leurs ornements, des portraits de femmes avec leurs habits traditionnels et des calligraphies aux motifs bien ciselés. Cette autodidacte aime jouer avec la lumière et ce, sur tous les supports. L'une de ses œuvres les plus surprenantes est certainement celle intitulée Utopie devant laquelle on ne peut que s'arrêter, émerveillé. Il s'agit d'une grande pièce en organza peinte avec des dégradés. Le tout est froissé et drapé. Un motif peint à la soie sauvage est, ensuite, plaqué, donnant au final un tableau montrant une nature. Cette composition personnelle a donné libre cours à une imagination débordante. Une série de cinq tableaux représentant les beaux bijoux berbères sont à voir. Le cuivre repoussé, incrusté de résine, a donné un effet de goût d'eau assuré. Bien que la plupart de ses tableaux sont figuratifs, l'artiste avoue qu'elle a un penchant pour le style abstrait. « L'art abstrait, explique-t-elle, se classe un peu à part, car, il a, je pense, le privilège de permettre de capturer une émotion à un moment donné et garde souvent un côté mystérieux. » Ayant plus d'une corde à son arc, Khadidja excelle également dans la peinture d'objets sur verre. Toute une variété d'objets aux motifs berbères et aux couleurs scintillantes est exposée sur une table. En somme, les créations de Khadidja Zeguendri sont un mélange audacieux et réussi, fait d'ingéniosité et de talent. Un détour du côté de l'hôtel El Djazaïr s'impose !