Le doyen des clubs algérois vit l'une des crises les plus aiguës depuis sa création il y a près d'un siècle. Le Mouloudia d'Alger, plus gros budget du championnat de l'élite, tenant de la coupe d'Algérie et qui avait pour objectif cette saison le titre, et à quelques journées du baisser de rideau sur l'exercice 2014/2015, se retrouve lanterne rouge, avec une réelle menace de relégation qui pèse sur lui, en passant par une sortie peu honorable dès le premier tour préliminaire de la coupe de la CAF, sans oublier une élimination précoce dès les 32es de finale en coupe d'Algérie. Une saison chaotique pour le doyen des clubs algériens, au moment où la direction a consenti un budget colossal à l'intersaison, le plus gros chez les clubs de l'élite, en matière de recrutement et de masse salariale de ses joueurs et différents staffs, pour des résultats médiocres. Comptabilisant les échecs l'un après l'autre, l'urgence au Mouloudia désormais est de sauver la peau du club d'un purgatoire vers lequel il s'enfonce tête baissée. Une situation des plus imprévisibles, avec un scénario que personne ne pouvait prédire, après tout ce qui a été consenti par la direction en matière d'argent et de logistique pour mener l'équipe vers une consécration en championnat. Abdelkrim Raïssi : «la balle est dans le camp des joueurs» Conscient de ce danger, Abdelkrim Raïssi, qui a pris les rênes du club le 12 janvier dernier, demeure confiant malgré la difficulté de la tâche, en précisant que la balle est dans le camp des joueurs et du staff technique pour éviter au Mouloudia la relégation. «On est parfaitement conscients de la gravité de la situation qui prévaut au Mouloudia, avec cette réelle et pesante menace de relégation. Il n'y a pas de solution miracle, seul le travail peut payer. En tant que direction, on assume nos responsabilités et notre rôle en matière de logistique et d'accompagnement, mais c'est au staff technique et aux joueurs d'aller chercher les points nécessaires pour le maintien», dira le président de la SSPA/le Doyen. «On n'a pas d'autre choix. On fait avec ce qu'on a. Il y a certes une grosse faille pour que le club se retrouve dans cette situation, avec tous les moyens consentis par la direction en début de saison. Les raisons sont nombreuses, mais ce n'est pas le moment de se justifier, l'urgence est de sauver notre peau parmi l'élite. On n'a pas d'autre choix que de faire avec ce qu'on a sous la main comme staff et joueurs. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, même si on a l'un des plus gros budgets du championnat, on reste l'équipe la moins lotie. Pas de stade propre à nous, ni même de terrain où s'entraîner. On est des SDF. L'argent à lui seul ne résout pas tout», dira avec dépit le premier responsable du MCA, mettant ainsi joueurs et staff technique devant leurs responsabilités. La rue bouillonne… les joueurs à la caserne Montrés du doigt, joueurs et staff technique sont pour les fans mouloudéens la cause de la mauvaise passe que traverse l'équipe, lanterne rouge du championnat. Très remontés contre leur team, les Algérois ont exprimé leur colère à l'égard des joueurs la semaine écoulée avec les regrettables incidents ayant émaillé la rencontre ASMO-MCA. Pis encore, certains n'ont pas hésité à se lever de bonne heure pour «cueillir» les coéquipiers de Djalit à l'aéroport d'Alger à leur retour du Niger, alors que d'autres ont carrément perturbé la séance de reprise des entraînements, lundi soir à Ben Aknoun, en s'attaquant avec virulence aux joueurs et même au staff technique conduit par Arthur Jorge, nécessitant même l'intervention des services de sécurité et l'évacuation de l'équipe sous bonne escorte. «Une réaction compréhensible, mais condamnable», selon Raïssi, qui explique : «C'est peut-être le seul moyen trouvé par les amoureux du club pour booster les joueurs et les amener à réagir.» Acculés, les joueurs n'ont pas trouvé mieux que de se réfugier dans une caserne de la Protection civile de Dar El Beida pour préparer sereinement leur prochaine rencontre, avec la réception de l'USMBA, ce samedi à Bologhine. Un match décisif pour la survie des Algérois, car seule une victoire pourrait faire perdurer l'espoir d'un maintien.