Située à quelques encablures de la commune de Ouillen, mechta Boukebech, est une agglomération engluée depuis des lustres dans des problèmes d'alimentation en eau potable et d'enclavement. Le tracteur et autres engins de transport de matériaux de construction sont les seuls véhicules capables de résister aux innombrables secousses et affaissements multiples constatés de visu le long d'un semblant de route sinueuse. Eprouvés par ces deux problèmes, ses habitants qui dépassent les 2000 âmes ont adressé plusieurs doléances aux différents responsables et qui sont restées sans écho. «Nous mobilisons chaque jour nos enfants pour aller chercher l'eau potable dans des sources lointaines de l'autre côté de la montagne et Dieu sait combien est pénible ce déplacement quotidien pour ces êtres fragiles», s'est plaint Said T., un septuagénaire, témoin d'une région où l'exode vers les grands centre urbains est vécu comme une fatalité. L'hiver, la saison la plus difficile de l'année, multiplie les problèmes de cette contrée, pourtant, jouissant d'atouts indéniables en matière d'élevage ovin/bovin et d'agriculture. «La bonbonne de gaz butane est entre les mains des spéculateurs et c'est le même scénario qui se reproduit chaque année : une pénurie de quelques jours ou quelques semaines; ensuite c'est le diktat des revendeurs qui écoulent sans scrupules à 1000 DA l'unité», a révélé Hamza T., un jeune enseignant affecté récemment dans la région. A Boukebch, comme dans les autres hameaux qui ceinturent le chef-lieu de la commune, aucun investissement fiable n'y a vu le jour et les terres arables, dont une majorité dans l'indivision, sont difficiles à gérer sous peine de heurter les copropriétaires d'une même famille. Le chômage y fait des siennes chez les jeunes qui se voient, souvent, dans l'obligation de s'exiler ailleurs. Ceux qui décident de rester, regardent, impuissants, s'égrener les jours mais point de changement. Atef, Mesaaoud et Djalel font partie de ces derniers. Ils nous livrent ici, leur impression : «On nous reproche, à tort, de refuser le travail de la terre, or, nous ne faisons que le demander auprès des propriétaires terriens locaux voire des communes de Merahna, Heddada ou Taoura (…) la situation est tout autre, tout le monde ici sait pertinemment que le travail saisonnier ou permanent en milieu rural est rémunéré par un casse-croute et une boîte de jus, sans plus (…) ceux qui sont de connivence avec ces employeurs véreux s'arrangent du mieux qu'ils peuvent pour véhiculer une image erronée du demandeur d'emploi en milieu rural(…) nous sommes plus de 500 jeunes en quête d'emploi et nos demandes croupissent dans les caves de l'ANEM depuis des lustres», a indiqué l'ainé du groupe. Nous avons tenté de prendre attache avec le maire sans y parvenir.