Hier matin, les taxieurs de Témouchent sont venus en force, dans un sit-in, stationner leurs véhicules devant le siège de la direction des Transports. La veille, certains d'entre eux avaient été reçus par son directeur. La rencontre avait été infructueuse, le directeur d'exécutif les ayant renvoyés vers le wali, l'instance de recours contre les sanctions décidées à leur encontre. Les taxieurs ne l'entendent pas de cette oreille : «Mais les sanctions peuvent être graduelles! Des suspensions d'activité d'une semaine à deux ou trois semaines, cela existe! Pourquoi user d'une sévérité excessive se traduisant par six mois de chômage! Cela est d'autant injuste qu'en parallèle, les taxis clandestins et ceux des autres agglomérations activent en ville en toute impunité! S'il y a une réglementation qu'elle s'applique à tous!» Mais encore, ce que les protestataires rejettent, ce sont certaines obligations dont ils ne comprennent pas le sens : «On nous oblige, sous peine de sanctions, à déposer les clients à l'intérieur de la gare routière lorsqu'il nous arrive de prendre en charge l'un d'eux vers cette direction, pourquoi ? Et interdiction de prendre en charge à l'extérieur quelqu'un qui en sort!» Rencontré, le directeur de wilaya du Transport tient de prime abord à mettre les points sur les i : «Il ne s'agit pas d'une manifestation mais d'un attroupement non autorisé!», une manière pour lui de signifier que les protestataires ont versé dans l'illégalité, ce qui subséquemment renseigne sur ses dispositions d'esprit à leur endroit. Il explique que tous ont été entendus par la commission qui a statué sur les infractions commises. Mais lorsqu'on lui rappelle qu'outre la sévérité contestée des sanctions, les protestataires dénoncent l'impunité des clandestins de toutes sortes: «Là, ce n'est pas mon affaire, c'est celle des services de sécurité!» Quant à l'obligation de pénétrer la gare routière alors que le client demande instamment à être déposé à l'extérieur? «Nous voulons que la clientèle qui arrive à la gare y trouve un taxi disponible». Lorsqu'on rétorque que les taxis obligés de stationner à l'intérieur sont plus chers pour la clientèle que ceux qui passent en maraude à l'extérieur, l'argument ne fait pas fléchir notre interlocuteur. Idem pour ce qui est de l'interdiction de stationner à l'extérieur qui pénalise tout autant les taxieurs que tout automobiliste : «C'est pour éviter que les clandestins n'en profitent!» soutient-il même après qu'on lui ait fait remarquer qu'un clandestin est facilement repérable, par ses inspecteurs comme par les policiers, du fait de sa présence quotidienne. Enfin, quant à l'inutile obligation faite à tout automobiliste de prolonger son parcours à proximité de la gare pour aller emprunter un dangereux sens giratoire sur la nationale, à bout d'argument, le directeur estime que c'est de la responsabilité du maire.