Les difficultés pour dénicher un taxi sont courantes au centre comme dans les communes de la périphérie. Il suffit de voir les interminables queues au niveau des stations de taxis collectifs pour avoir une idée de l'ampleur de cette insuffisance. Prendre un taxi à Alger n'est pas si évident que cela ! Il faut d'abord repérer l'endroit où les chauffeurs de taxi ne sont pas inquiétés par les policiers. Le client n'est pas roi, du moment qu'il ne peut pas arrêter un taxi là où il le veut. Inutile de s'aventurer à faire un signe à un «taxieur» n'importe où, c'est peine perdue. Une fois que le taxi s'est arrêté, il faut espérer que votre destination soit la même que celle de ce chauffeur mis au service du client. «Bab Ezzouar ? Non, je vais à Gué de Constantine. Mais vous êtes libre. Je ne vais pas à Bab Ezzouar !» Ce moyen de transport, considéré comme étant plus confortable que les bus, présente quand même certaines défaillances. Les clients se plaignent de l'insuffisance de ces transporteurs : trop d'attente, plusieurs dizaines de minutes, voire plus d'une heure pour pouvoir prendre ce fameux véhicule. Ces difficultés sont courantes au centre comme dans les communes de la périphérie. Il suffit de voir les interminables queues au niveau des stations de taxis collectifs pour avoir une idée de l'ampleur de cette insuffisance. Des courses surfacturées Aussi contradictoire que cela puisse paraître, les stations de taxis grouillent de «taxieurs». Seulement, les chauffeurs exigent, pour la plupart, une rémunération exorbitante pour le moindre déplacement. «J'ai pris un taxi de la station de Maurétania vers Tamaris (une dizaine de kilomètres) contre 600 DA», raconte Samia, la trentaine. Pourtant, précise-t-elle, «c'était en plein jour. Le chauffeur avait pour argument les embouteillages. Et comme je n'avais pas trop le choix, j'ai accepté la transaction». «La course Bab Ezzouar-les Bananiers nous a été facturée à 200 DA ; pourtant, cela a pris trois minutes au chauffeur pour me déposer à destination», témoigne une autre dame rencontrée dans une station de taxis à l'est d'Alger. Au niveau de la station de Mohammedia, les chauffeurs exigent une contrepartie de 500 DA pour se rendre à Alger-Centre. Pour les communes de l'est, la course peut atteindre 1000 DA, comme c'est le cas pour Réghaïa et Rouiba. «Je ne comprends pas pourquoi les services de sécurité laissent ces chauffeurs de taxi faire ce qu'ils veulent. Ils les laissent jumeler plusieurs courses et ne se soucient guère des tarifs pratiqués, pourtant, ce n'est un secret pour personne», fulmine Mustapha, non sans faire remarquer que ces agents sont stricts concernant le stationnement ou le respect de l'interdiction d'arrêt. Les taxis clandestins à la rescousse Dans certains quartiers ne disposant pas de stations de taxis, ce sont les taxis clandestins qui tirent profit de cette situation. Parfois, des clients préfèrent avoir recours à ces transporteurs illicites avec tous les risques que cela peut entraîner, que de perdre du temps à attendre et dépenser toute une fortune pour quelques kilomètres. Ces taxis «clandestins» sont sollicités notamment par les familles n'ayant pas réussi à trouver une course raisonnable par un taxi réglementaire, ils se déploient même au niveau des stations de taxis, investissent les alentours des gares et les sorties des hôpitaux, du port et même de l'aéroport. Bref, partout où il y a de la demande. «Il y a suffisamment de taxis au niveau de la capitale», reconnaissent les représentants des chauffeurs de taxis. 12 000 est le nombre de chauffeurs de taxi disposant de licence ou d'autorisation d'exercice délivrées par la direction des transports de la wilaya d'Alger. Pour sa part, M. Tabet, représentant des chauffeurs de taxi, affilié à l'UGTA, incombe la responsabilité de l'anarchie qui règne aux autorités qui, d'après lui, ne consultent pas le partenaire social dans la prise de décision. «Est-ce qu'il y a un plan pour l'organisation de l'activité du chauffeur de taxi. C'est la loi de la jungle», conclut-il. Pour le cas des chauffeurs qui refusent d'aller et de s'arrêter à l'endroit demandé par le client, M. Tabet rappelle que la loi condamne ce genre de comportements. Il estime tout de même que le chauffeur essaie de gagner sa vie. D'après ses dires, ce dernier n'est en aucun cas la cause de cette anarchie dans la mesure où l'absence d'un plan bien élaboré le pénalise. «Les clients ignorent leurs droits» Selon un autre syndicaliste, les clients ignorent certains de leurs droits, d'où les dépassements fréquents de certains chauffeurs de taxi. Rappelant quelques règles régissant cette activité, ce représentant estime que «l'implication des clients pourrait réduire ces dérives». Suite à une facturation différente de celle relevée sur le compteur, il suffit à titre d'exemple de communiquer à la police le numéro se trouvant sur la portière du véhicule, et le véhicule du chauffeur est immobilisé pour quelques semaines. Selon le même texte, le chauffeur de taxi n'a pas à décider ni de la destination, ni prendre un autre client, ni parler de course, c'est le compteur qui décide. Sur le terrain, c'est une autre vérité. D'autres représentants des chauffeurs de taxi estiment que ces lacunes peuvent être réduites avec la mise en place de stations et d'arrêts pour taxis tous les 150 mètres. «Ainsi, le chauffeur aura le droit de prendre plusieurs clients et les déposer, selon son itinéraire, sans difficultés, et le client pourra changer de taxi sans embûches, puisque les relais sont assurés», explique un représentant de ces transporteurs. Sur un autre volet, les chauffeurs de taxi subissent les répercussions de la suppression du crédit automobile. Difficile donc de changer son vieux véhicule contre un neuf et rouler en toute sérénité. Les pièces de rechange coûtent les yeux de la tête, voilà ce qui pousse certains de cette catégorie de transporteurs à trouver des astuces pour contourner les règles. Ainsi, les chauffeurs de taxi réclament le rétablissement des crédits pour l'acquisition de véhicules neufs ou de pièces détachées.