Le sida a été le thème d'une conférence animée par les docteurs Aït Oubelli, Hasrouf et Mesbah à la résidence universitaire des jeunes filles de Boumerdès sur invitation de l'UNEA qui y tient son université d'été. Les conférenciers ont parlé du sida en tant que maladie et en tant que phénomène social touchant ainsi à la prévention, au traitement et à la prise en charge psychosociale des personnes vivant avec le HIV. Dans le chapitre « Le sida dans le monde », le docteur Aït Oubelli dira qu'avec les 5 millions de cas enregistrés chaque année, le nombre total de sidéens dans le monde en juin 2005 dépassait les 40,3 millions. La même année, on a enregistré 3 millions de décès suite à cette maladie à l'échelle planétaire, ajoutera-t-il. Et de préciser que les 2/3 des malades se trouvent en Afrique, « d'où l'obligation pour l'Algérie de renforcer les dispositifs de lutte contre cette épidémie, l'information et la sensibilisation », dit le médecin. « En Algérie, jusqu'à juin 2005, on a enregistré 734 sidéens en plus des 2037 séropositifs. 20% des cas sont causés par des relations sexuelles non protégées », dit-il. Mais le problème étant mondial, la lutte ne peut se faire qu'à la même échelle, d'où une série de programmes mondiaux de lutte contre le sida destinés à la prévention, l'aide et l'assistance au profit des personnes atteintes, la réduction de la vulnérabilité et la réduction de l'impact socio-économique de cette maladie. En Algérie, depuis la notification du premier cas de sida en 1985, il a été décidé d'agir pour freiner la progression de cette épidémie. Ce qui a donné naissance au plan national de lutte contre le sida, lancé en 1988 pour aboutir, 3 ans plus tard, à la garantie de la sécurité de la transfusion sanguine. D'autres actions ont suivi et en 2004 il a été installé l'« atelier de consensus national » qui regroupe 17 départements ministériels et 5 associations. Cela parce qu'il s'est avéré que la lutte contre le sida ne pouvait être la mission du seul ministère de la Santé, a-t-il ajouté. La faible prévalence du sida en Algérie (0.1%) n'autorise pas à baisser la vigilance, a dit le docteur Aït Oubelli. Sur la même lancée, il invitera les étudiants surtout à « prendre part activement dans ce combat car la propagation du sida dans notre pays est avantagée par la situation géographique, la mobilité et les migrations nationale et internationale, la jeunesse de la population, le peu d'utilisation des préservatifs, le travail du sexe clandestin, l'usage des drogue et la détérioration des conditions socioéconomiques ». « Il existe certes un haut engagement politique dans ce terrain et s'il y a une implication multisectorielle dans la lutte en plus de l'implication de la société civile et l'appui international à travers notamment Onusida et la Banque mondiale, il faut tout de même que chacun se mette de la partie », diront les conférenciers. Avant d'arriver à la relation étudiants-sida, le docteur Aït Oubelli avait esquissé un canevas du plan national de lutte contre la maladie qui est basé sur l'accès à la prévention, la prise en charge médicale, diététique et psychosociale des personnes atteintes du virus ainsi que la mobilisation pour la sensibilisation et l'information. Pourquoi insister sur le sida dans le milieu universitaire ? « Parce qu'il y a la vulnérabilité, vu le jeune âge de cette communauté (50% des personnes atteintes dans le monde sont âgées de moins de 25 ans), parce que les jeunes, qui subissent à cet âge des transformations importantes, sont plus exposés et parce qu'il y a la maturité sexuelle qui se manifeste et un manque d'information », répondent les médecins. C'est aussi à cause du fait que « les étudiants forment l'élite de demain, l'avenir de la société et la force du changement ». « Ces jeunes sont susceptibles d'adopter des comportements sans risques et peuvent renverser le cours de l'épidémie. C'est avec succès que des pays comme la Thaïlande, l'Ouganda, la Zambie et le Brésil ont compté sur cette frange pour faire baisser le nombre de cas de sida enregistrés annuellement. Un environnement favorable où se sentir en sécurité, des informations et des connaissances, l'acquisition des compétences et l'accès aux services de santé, sont au nombre des droits des étudiants », insiste Aït Oubelli. Mais ceux-ci ont également des devoirs. Se sentir concerné, avoir un comportement responsable pour éviter la maladie, aider et soutenir les personnes atteintes du virus sont au nombre de ces obligations, dit-il. Abordant le volet social de la maladie, le docteur Mesbah a appelé à ne jamais faire de la discrimination et à soutenir de toutes ses forces cette catégorie de malades. « Il faut savoir que le sida ne se transmet que par le canal d'un liquide biologique qui doit aussi trouver un contact (une muqueuse, une plaie…). Et de ce fait, il ne faut surtout pas abandonner, délaisser, marginaliser les malades si l'on veut que ceux-ci se déclarent atteints du virus afin d'empêcher la progression de la maladie », conclut-il.