Sous les effets de ses multiples actions marketing visant tout particulièrement l'export, on assiste de plus en plus à un véritable envahissement de quasiment tous les marchés de la planète. Bien que pour l'heure le critère de la qualité n'est pas toujours au centre des préoccupations des opérateurs chinois, la production officielle à laquelle est adossée celle de la contrefaçon, ce sont les prix battant toute concurrence qui déterminent le choix du consommateur ciblé : faible pouvoir d'achat mais quantitativement nombreux. Des investisseurs locaux et surtout étrangers, dont la plupart des multinationales, alléchés par le phénoménal développement chinois y viennent avec plein de projets : la Chine leur offre la possibilité inespérée de produire sur place à moindre coût et de se placer en bonne position dans le sillage de l'expansion commerciale externe, profitant ainsi d'un « made in China », label-sésame qui évolue avec exubérance et que rien ne semble restreindre. Curieusement, la Chine se pose quand même un certain nombre de questions à propos des IDE qui commencent à prendre des proportions susceptibles de faire craindre une certaine mainmise en sourdine sur la décision politico-économique officielle. Les pouvoirs publics se penchent sérieusement sur le sujet auquel ils viennent de consacrer une importante réflexion dans le cadre de la commission nationale de développement et de la réforme, selon laquelle « si l'ampleur de l'investissement est trop importante, si la croissance de l'investissement est trop rapide et si la composition de l'investissement est irrationnelle », le niveau et la cadence de la croissance de l'économie pourraient en ressortir les effets négatifs. Dans cet ordre d'idées et dans le cadre de ses prérogatives monétaires, même la Banque centrale entend prendre « des mesures étendues pour équilibrer la balance des paiements ». Il faut savoir qu'actuellement le mouvement accélérateur de l'excédent commercial atteint un niveau aux conséquences imprévisibles : il est attendu pour les neuf premiers mois de 2006 un volume commercial d'au moins cent milliards de dollars. Parmi les premières mesures préconisées, il semble qu'il y ait consensus en faveur d'une appréciation rapide (plus que celle de 2005) du yuan. La Banque centrale s'est montrée disposée « à améliorer la flexibilité du yuan », lequel a déjà connu une hausse de 0,36%, soit « quatre fois da progression moyenne mensuelle entre juillet et décembre 2005 ». Apparemment, il y aurait accord quasi unanime chez les décideurs « autour de l'idée d'une appréciation accélérée du yuan : l'économie croîtrait assez rapidement pour que les entreprises supportent une perte de compétitivité » et qui plus est, une telle conception présenterait l'avantage de mettre fin à la pression permanente exercée par les Etats-Unis en matière monétaire. Quant aux Chinois, ils auront beau jeu de répondre qu'ils n'ont pas cédé aux injonctions US et que leur décision n'est que la résultante des réalités économiques, il reste que pareille solution ne serait pas sans effet au plan interne, car des conséquences certaines rejailliraient sur le pouvoir d'achat des citoyens à faible revenu alors qu'officiellement, pour les pouvoirs publics, on ambitionne d'améliorer sensiblement le niveau de vie des populations les plus défavorisées. On apprend en toute dernière minute la confirmation de la tendance à la volatilité du yuan : au moins à trois reprises, il vient de varier de plus de 0,2% en une seul séance, atteignant même 0,26%. Après avoir subi un enfoncement face au dollar durant un mois, il a marqué un net repli qui l'a hissé jusqu'à 7,9686 pour un dollar. Inédite dans les annales de la monnaie chinoise, une telle volatilité pourrait être annonciatrice d'un léger mais néanmoins réel assouplissement de la politique officielle en matière de changes.