Pour convaincre de la volonté de Caracas dans la recherche de la paix, José de Jesus Sojo Reyes évoque le volume des échanges entre son pays et les Etats-Unis : «Les 100 plus importantes compagnies américaines sont présentes au Venezuela, nous exportons vers les USA 900 000 barils de pétrole par jour et 25% de nos importations en proviennent.» La tension monte entre Washington et Caracas au moment même où les Etats-Unis amorcent le processus de «normalisation» avec Cuba, l'allié stratégique de la République bolivarienne. Et c'est le président américain, Barack Obama, qui a ouvert les hostilités en décrétant que «la situation au Venezuela constitue une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis» début mars. Cette déclaration a été immédiatement suivie par des sanctions à l'encontre de sept fonctionnaires vénézuéliens. C'est une «déclaration de guerre et une ingérence dans les affaires internes du Venezuela qui visent à déstabiliser le gouvernement chaviste. Une violation du droit international», réplique Caracas, redoutant d'autres mesures encore plus musclées. Pour l'ambassadeur du Venezuela à Alger, José de Jesus Sojo Reyes, les Etats-Unis «déclarent une guerre économique à notre pays avec des tentatives de dissuader les investissements étrangers en faisant croire que le Venezuela est un pays instable et que sa situation politique est instable. L'objectif recherché est de mettre notre pays en coupe réglée». Ce bras de fer intervient dans un contexte marqué par la chute des cours de pétrole qui impacte fortement l'économie du Venezuela, provocant des heurts dans le pays. Le diplomate vénézuélien juge «disproportionnée» la rhétorique menaçante de Washington : «Nous accuser de constituer une menace à la sécurité nationale américaine est dénué de tout fondement. Nous militons pour l'indépendance politique et économique de tous les pays latino-américains. Nous sommes un pays ouvert au dialogue, comme nous l'avons démontré dans le conflit colombien et nous soutenons le dialogue entre Cuba et les Etats-Unis. Nous contribuons avec efficacité pour la paix dans toute la région», explique M. Sojo Reyes. Bras de fer en perspective Le diplomate vénézuélien estime que Washington ne pardonnera jamais à la République bolivarienne, sous la direction du défunt président Hugo Chavez, «les nationalisations des secteurs stratégiques de l'économie, notamment dans le domaine de l'énergie. Les Etas-Unis soutiennent l'oligarchie vénézuélienne traditionnelle en lien avec le régime ancien pour renverser la révolution bolivarienne et le gouvernement démocratiquement élu, de l'avis même de Jimmy Carter». Il est vrai que Washington espérait voir Caracas «changer de cap» après la mort de son ennemi juré, Hugo Chavez. Mais les Américains butent sur un Nicolas Maduro qui est tout aussi bolivarien que son mentor. «Nous avons fait un choix historique depuis le triomphe de la révolution bolivarienne, celui de bâtir une nation indépendante, avec toute l'Amérique latine, avec des valeurs de solidarité entre les peuples. C'est cela qui dérange les lobbys à Washington, qui ont longtemps considéré notre région comme leur arrière-cour», ajoute l'ambassadeur du Venezuela. Il faut souligner qu'en réaction aux assauts du «Nord», les pays latinos et toutes les organisations régionales ont fait bloc autour de Caracas. Une campagne internationale en faveur du Venezuela est lancée dans les cinq continents. Et même le vieux Castro a rompu son silence pour apporter immédiatement le soutien «sans faille» de son pays à l'allié vénézuélien. Barack Obama qui «s'affaire» pour rencontrer le président cubain, Raul Castro, n'aurait pas apprécié le «réveil» du Lider Maximo. En somme, l'ombre de ce nouveau feuilleton dans le bras de fer entre Washington et Caracas va sans doute planer sur le Sommet des Amériques qui se tiendra vendredi prochain au Panama. Un sommet que le locataire de la Maison-Blanche tentera de «rentabiliser» en se montrant «conciliant» avec Cuba mais en manœuvrant pour «isoler» le Venezuela. Un pari pas si facile à réussir compte tenu de la forte alliance des pays d'Amérique latine et des Caraïbes. «Nous ne cherchons pas un conflit avec les Etats-Unis et le président Maduro l'a bien rappelé en s'adressant aux citoyens américains dans une tribune dans le New York Times. Par le passé, le Venezuela est intervenu pour apporter de l'aide aux Américains lors de catastrophes naturelles», rappelle M. Sojo Reyes. Et pour convaincre de la volonté de Caracas dans la recherche de la paix, ce dernier évoque le volume des échanges entre son pays et Washington : «Les 100 plus importantes compagnies américaines sont présentes au Venezuela, nous exportons vers les Etats-Unis 900 000 barils/jour et 25% de nos importations proviennent du Nord.»