Deux policiers et un civil ont été mitraillés et tués hier en fin d'après-midi en plein centre-ville d'El Kseur (20 km de Béjaïa) par un des individus à bord d'une 406 bleue, selon des témoignages. Les policiers avaient choisi un endroit ombragé de l'intersection, les Quatre chemins Amirouchen (RN12), et régulaient la circulation, tandis que la victime civile se trouvait à la porte de son magasin, spécialisé dans la vente d'accessoires de téléphonie mobile, près des lieux. Un quatrième citoyen, se trouvant pour sa part dans le périmètre, a été quant à lui atteint au bras, mais ses jours ne seraient pas en danger, selon des sources médicales. Les terroristes, sitôt la rafale tirée, ont pris la fuite vers le quartier périphérique de Berchiche, lequel donne accès aux territoires boisés de la commune de Toudja, selon les mêmes témoignages. L'attentat, le premier du genre dans la localité, a bien entendu jeté l'effroi dans la ville et une panique somme toute compréhensible s'est emparée des lieux. Située au confluent des communes de Toudja et d'Adekar, deux localités où la présence du GSPC a eu à se manifester à travers de faux barrages, notamment des embuscades sur le versant maritime du périmètre montagneux, la ville est restée géographiquement, à tout le moins, exposée à des incursions que son caractère urbain semble avoir dissuadé. Il est à rappeler, en effet, que c'est du côté du village Tizi n'Sebt, dans la commune de Fénaïa, circonscription dépendant de la daïra d'El Kseur, qu'a été abattu, début juin 2004, Nabil Sahraoui, présenté comme émir du GSPC, lors d'une opération militaire d'envergure déclenchée après une embuscade meurtrière qui avait ciblé un convoi militaire dans la commune de Beni Ksila. Depuis, la localité a eu à connaître des attaques à main armée qui ont ciblé deux pompes à essence et une agence bancaire qui ont été cataloguées dans le registre du banditisme. Le contexte actuel, marqué par la proximité des délais de forclusion des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le débat qui oppose les partisans de la prorogation et ses adversaires, et enfin, les opérations militaires engagées, notamment en Haute Kabylie, pour l'anéantissement des dernières poches terroristes, invite pour sa part à explorer d'autres pistes de lecture. Les auteurs de l'attentat d'hier voulaient manifestement marquer les esprits et être évoqués. L'acte a eu lieu tout de même dans une ville qui a été visitée vendredi dernier par le chef du gouvernement, M. Belkhadem, en marge de l'université d'été organisée par le FLN à Béjaïa ; une tribune largement exploitée par le secrétaire général du parti et proche du président de la République, pour plaider la pérennité des appels à la réconciliation et le renvoi sine die de toute forme de calendrier pour sa mise en œuvre. Les autorités militaires et les premiers responsables de la Sûreté nationale au niveau de la wilaya de Béjaïa se sont déplacés hier à El Kseur, quelques moments après l'attentat et ont fait une halte au niveau de la polyclinique où les victimes ont été évacuées.