Depuis la fin de l'ère Zerhouni, ex-ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, l'allègement des dossiers administratifs et le rapprochement de l'administration du citoyen sont au-devant de la scène. Les registres de l'état civil ont été numérisés — malheureusement avec un fardeau d'erreurs —, puis raccordés récemment à un réseau national afin d'éviter au citoyen les déplacements inutiles et les longues heures d'attente devant les guichets. Sur les 48 wilayas du pays, on compte quelque 210 000 registres d'état civil, contenant 70 millions d'actes.D'après les responsables du secteur, l'opération de numérisation de ces registres tire à sa fin. Sur le bureau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, il y avait aussi le gros dossier de la biométrie. Depuis 2010, les demandes de passeport biométrique ont commencé à inonder les sièges des daïras dans la capitale, à l'instar des autres wilayas du pays, impliquant même les APC, sommées de délivrer les extraits de naissance 12S. Ce document, indispensable dans le dossier du passeport biométrique, a été délivré à près de 2,5 millions de citoyens en deux ans. Les derniers chiffres ne sont pas encore connus. Dans le même sens, il a été mis à la disposition des Algériens établis à l'étranger un site qui leur permet de demander l'extrait de naissance 12S en ligne. Il a été aussi question de mettre à la disposition des demandeurs de passeport biométrique un site afin de suivre leur demande. Alléger les dossiers administratifs ne s'est pas limité à cela seulement, mais aussi à réduire le nombre de documents demandés pour le renouvellement de la carte d'identité nationale et du permis de conduire, ainsi que les délais d'attente et de validité de plusieurs documents. La bureaucratie a La peau dure A voir ce qui a déjà été fait et les intentions de l'Etat à moderniser le service public, cela pourrait laisser place à beaucoup d'optimisme. Toutefois, la réalité sur le terrain prouve bien le contraire. Dans le volet de la biométrie, il y a énormément de choses à dire et qui prouvent pleinement la résistance de la bureaucratie dans l'administration algérienne. En 2010, plusieurs demandeurs de passeport et de carte d'identité se sont vu obligés de laisser leur extrait de naissance 12S à la daïra de leur lieu de résidence. Cela était exigé. Ce n'est que dans les dernières années qu'une campagne de remise de ce document, qui n'est délivré qu'une seule fois, a commencé. Ce n'est pas tout, puisque ces demandeurs, bien qu'ils n'aient pas pu bénéficier d'un passeport biométrique à l'époque, ont dû suivre toutes les procédures à l'intérieur de la daïra, à savoir la prise de photos d'identité et des empreintes digitales. «Vu que mon ancien passeport avait une validité de 5 ans et qu'il était arrivé à expiration, je me suis rendue à la daïra de Dar El Beida pour le renouveler. Je me suis retrouvée obligée d'être photographiée une nouvelle fois et faire mémoriser mes empreintes pour la 2e fois. Où sont passées mes photos et mes empreintes prises il y a 5 ans ?» s'interroge Lila, 45 ans, fonctionnaire et résidante Bordj El Bahri. Le cas de Lila n'est pas unique Dans toutes les daïras de la capitale, pour ne pas dire du pays, les informations collectées il y a 5 ans ont étrangement «disparu» et les agents ont été contraints de redemander aux citoyens désirant renouveler leur passeport de refaire toute la procédure à nouveau. Pis encore, le délai de 10 jours nouvellement fixé pour le traitement de la demande de passeport biométrique et la livraison de ce document n'est pas respecté dans toutes les daïras de la capitale. C'est une question de chance et surtout de connaissances pour que ce délai soit respecté. Il en est de même pour les autres documents tels que la carte grise ou encore le permis de conduire. Pour ce dernier, plusieurs Algérois ont été obligés de conduire leur voiture avec des récépissés remplis de cachets de prolongation de délai. Malgré toutes les bonnes volontés d'en finir avec la bureaucratie et de faciliter aux citoyens de se procurer des documents, ce phénomène a décidément la peau dure. «S'ils veulent réellement nous faciliter la tâche et rapprocher l'administration du citoyen, ils devraient penser d'abord à créer des annexes des APC dans les quartiers de la capitale, et surtout les nouvelles cités», s'exclame Hocine, résidant à Sidi M'hamed, dans la commune de Birtouta. Un appel en direction des autorités locales qui devraient sérieusement se pencher sur la question et en faire leur cheval de bataille.