La menace qui plane sur la production d'insuline de Saïdal au risque d'interrompre l'usine de Constantine s'est avérée finalement un simple nuage d'été gonflé par la rumeur. Une rumeur démentie formellement, d'ailleurs, par le patron de Saïdal, Ali Aoun, qui parle de spéculations autour de l'inscription d'Insudal auprès de la CNAS pour son remboursement. Les indiscrétions se sont emparées, en effet, de cette histoire pour parler de conflit entre la caisse d'assurance et le producteur pharmaceutique et le refus du premier d'inscrire l'insuline dans la nomenclature des médicaments remboursables. Un refus qui pourrait mettre à mal la commercialisation d'Insudal et compromettre la production au point d'évoquer une éventuelle fermeture de l'usine. M. Aoun, joint hier par téléphone, a reconnu, cependant, qu'il y a eu retard dans le traitement du dossier malgré le dépôt de la demande d'enregistrement du médicament et la réunion de la commission concernée à la CNAS. Ceci dit, il a affirmé que « tout est rentré dans l'ordre depuis quelques jours et l'usine tourne à plein régime ». Une virée à l'usine, située à la zone industrielle Palma de Constantine, nous a permis de constater la poursuite de la production. Son directeur, Karim Semrani, a même été étonné d'entendre parler de l'arrêt de l'usine qu'il dirige. Non seulement l'usine fonctionne, mais en plus elle produit, depuis hier, la deuxième forme d'insuline injectable, à savoir le basal, en attendant de produire la combinée. Jusque-là, elle fournissait l'insuline rapide, et depuis son entrée en production, au mois de mars dernier, les stocks de l'usine ont été enrichis de sept lots d'environ 38000 unités chacun et dont la plupart se trouvent au niveau des PCH. Avec ce régime de production, Insudal pourra non seulement réduire la facture d'importation, mais en plus se tailler une bonne partie du marché national de l'insuline, qui consomme presque 2,5 millions d'unité/an. Les ambitions affichées par Saïdal visent la satisfaction totale de la demande des diabétiques algériens. Des ambitions qui s'appuient sur les moyens colossaux investis par le producteur algérien, notamment les laboratoires high-tech inaugurés par le président de la République lors de sa visite à Constantine en avril dernier, et un personnel hautement qualifié dont des ingénieurs formés en Allemagne et en Suisse. Tout le monde se remémore, par ailleurs, le coup de gueule de Bouteflika à l'occasion de l'inauguration et ses menaces à l'encontre de ceux qui ont tenté de saboter le projet d'usine et retardé son ouverture. « J'ai en ma possession un dossier détaillé de l'affaire et les coupables vont payer », a-t-il déclaré. Depuis, les Algériens ne savent pas encore s'il y a eu enquête autour de cette affaire ni si des coupables ont été désignés. En revanche, rien n'est moins sûr que l'idée qui veut que l'usine soit à l'abri des turbulences et des intentions nuisibles.