Deux thèmes aux mêmes intrigues qui tendent à freiner notre développement. Saïdal et l'Algérie en sont la cible. L'Algérie est accusée de traiter des affaires avec Israël via Saïdal. Pas moins. Ce sont des Jordaniens qui les premiers lancent «la bombe» réactualisée longtemps après par des Algériens. Lorsqu'en novembre 2001 le journal jordanien Essabil publie cette information, les dirigeants de Saïdal, le P-DG en tête réagissent en parfaits managers. Ils se rapprochent de leurs partenaires arabes et démontent la manoeuvre. Parallèlement, l'ensemble des pays arabes à travers leurs représentations diplomatiques en Algérie est sensibilisé au complot. La dernière visite des ambassadeurs arabes au complexe antibiotique de Médéa procède de cette démarche. «Jusque-là, c'était de bonne guerre. Mais là où le seuil de l'intolérable est atteint c'est lorsque la diffamation est relayée par un journal algérien», s'insurge M.Ali Aoun au cours de la conférence de presse tenue hier au siège du groupe. En effet, 7 mois après, dans son édition du 20 mai dernier, un quotidien national arabophone «découvre» l'information jordanienne et la livre au lectorat algérien. «Pourquoi maintenant précisément?» s'interroge le P-DG de Saïdal avant de rappeler le contexte international et la grave tournure prise par le conflit au Moyen-Orient et sur le plan local le succès, insolent aux yeux de certains, du groupe Saïdal. Ici, le P-DG, connu pour sa franchise, n'hésite pas à désigner des dirigeants qui l'avaient précédé à la tête de Saïdal. Chaque intervention du P-DG de Saïdal est un moment d'optimisme qui nous fait oublier un temps la médiocrité ambiante dans laquelle baignent plusieurs secteurs. Direct, incisif, incollable, sans aucune note sur le pupitre, il a l'art de convaincre le plus suspicieux. Ah, si tous nos chefs d'entreprise publique étaient du même niveau, l'Algérie n'en serait pas aujourd'hui à se débattre dans des problèmes inextricables! D'ailleurs, le but de ces attaques est, personne n'en doute, une tentative de freiner les élans du groupe dans sa pénétration du marché extérieur et particulièrement arabe où il enregistre des avancées notables. La stratégie de M.Aoun est simple : à l'orée de l'adhésion à l'OMC, le marché algérien n'aura plus aucune de ses caractéristiques actuelles. Dès lors, se limiter aux seules perspectives du marché national relève d'une absence de vision. Aussi vrai que gérer c'est prévoir, Saïdal ne rate aucune opportunité pour se placer et placer ses produits là où il lui est possible. Consciente de sa taille, elle vise l'Afrique et le monde arabe dans la mondialisation qui arrive à grands pas. «Mon objectif est d'exporter à terme 50 à 60% de notre production pharmaceutique», avoue M.Aoun. On l'aura compris, le but de la manoeuvre «partenaire du sionisme» est justement de freiner la pénétration de Saïdal dans les pays arabes aux positions tranchées aujourd'hui plus qu'hier. Le P-DG de Saïdal ne s'est pas contenté de démentir les allégations du journal jordanien, il a étonné les journalistes présents en ajoutant que dans l'absurde hypothèse où il serait obligé de traiter avec Israël «je préférerais alors démissionner, car j'ai mes propres principes et ils ne me le permettent pas». Il ne pouvait être plus clair. Cela dit, Saïdal est présent aujourd'hui dans plusieurs pays arabes et africains.D'importants autres accords sont en vue dans ces mêmes régions sous peu. Voilà les véritables raisons des «sorties» des Frères musulmans et leur porte-parole officiel en Jordanie le journal Essabil, alliés pour la circonstance avec d'autres groupes d'intérêts concurrents, des importateurs, et d'anciens cadres revanchards de Saïdal. L'autre point de la conférence concerne la production nationale en insuline. On sait et le Président de la République vient de le rappeler sur un ton excédé, que le projet traîne depuis des années. M.Aoun a exposé les raisons du blocage. Il a rappelé qu'à l'origine et après avoir racheté les parts détenues dans le projet avec les Danois par les trois ex Enapharm, Saïdal s'est vu harceler par la partie danoise pour lui céder une partie de ses parts. L'opération eut lieu et Saïdal ne détenait plus que 10% du projet de l'usine d'insuline. Quelque temps plus tard, les Danois décident de vendre 45% de leurs parts à une firme française et gardent les autres 45% . Sous l'instigation des Français, le projet est renvoyé aux calendes grecques sans que Saïdal ne puisse, de toute «la force» de ses 10%, rien faire. Maintenant que la volonté politique s'est exprimée par la voix du chef de l'Etat, le manager Aoun passe à l'offensive et promet qu'il réalisera le projet «avec ou sans partenariat». D'ailleurs, il promet que le projet sera finalisé avant la fin juin 2002 et que la production d'insuline débutera 18 mois après, le temps de la réalisation. Une maîtrise, une assurance et un ton à vous remonter le moral en ces temps de grisaille et de bricolage. L'envie de dire merci à M.Aoun est à peine réfrénée.