Depuis les dernières élections communales de novembre 2012, l'assemblée populaire communale de Barbacha est restée sans président, auquel s'est substitué le secrétaire général. Dans quelques mois la commune de Barbacha bouclera sa troisième année de fonctionnement avec un secrétaire général aux commandes des affaires de l'APC. Le 4 février 2013, soit quelques mois après les élections locales du 29 novembre 2012, le wali de Béjaïa désigne Toufik Adnane par arrêté pour qu'il évacue les affaires courantes de l'APC de Barbacha, l'élu issu du scrutin étant contesté par des pans entiers de la population locale. Le 7 avril, le commis de l'Etat prend poste. Alors qu'au tout début de son installation ses prérogatives étaient restreintes, ne se limitant qu'aux tâches de première nécessité, le 30 juin de la même année il se voit passer de secrétaire général à ordonnateur, à la faveur d'un autre arrêté du wali. Depuis, les affaires de la cité marche normalement ou presque. Hormis les délibérations que seuls un P/APC et son assemblée, élus au suffrage universel, en détiennent la prérogative, la municipalité ne souffre d'aucun blocage. C'est du moins ce que dit Toufik Adnane, contacté par téléphone. Les programmes annuels de développement de 2013 et de 2014 sont lancés normalement tandis que les appels d'offres pour celui de 2015 le seront prochainement, nous a-t-il affirmé. Aussi, les Plans communaux de développement sont répartis exactement comme un P/APC le ferait. Le commis de l'Etat procède par la formulation de propositions que le premier responsable de la wilaya approuve ou rejette à son tour par la suite. Conscientes des enjeux politiques dans cette commune, les autorités pensent avoir trouvé l'équilibre qu'il faut pour faire régner l'ordre dans la municipalité, en maintenant en place son représentant. La démarche visée est sans doute de tenir le coup jusqu'aux prochaines élections sans trop d'encombres. Cela dit, ce semblant de calme a été précédé par la tempête. Barbacha a fait couler beaucoup d'encore dès le lendemain des dernières élections locales et leurs mauvaises fortunes. Cette commune, haut perchée sur les montagnes surplombant la rive ouest d'oued Soummam, a longtemps été le théâtre de dissensions politiques qui ont déchiré sa population en deux camps opposés. Rétrospective. Autogestion Les dernières élections locales donnent comme vainqueur Mohamed Benmeddour, candidat du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), à l'issue d'une alliance de son parti avec les formations FLN et FFS. Courroucés par cette alliance qu'ils désignent sous le vocable de «l'alliance de la honte», les partisans du candidat Sadek Akrour du Parti socialiste des travailleurs (PST), qui a obtenu une majorité relative avec six sièges, montent au créneau pour s'y opposer fermement. Benmeddour est empêché d'accéder à son bureau de maire. L'heure est désormais au blocage. Mais pas totalement. En l'absence d'une autorité élue, la population renoue avec les réflexes d'autogestion pour éviter une paralysie totale des activités municipales. Spontanément les opposants s'organisent en Assemblée populaire ouverte de la population de la Barbacha (APOPB). Les mots d'ordre sont sans appel : on appelle à la destitution de l'assemblée, l'organisation de nouvelles élections et le départ du chef de daïra qu'on a accusé de «connivences» avec l'alliance. Encore sous le charme du précédent mandat de Sadek Akrour «avec qui la gestion participative n'était pas que noir sur blanc», témoigne-t-on, les défenseurs de la liste PST sont décidés à barrer la route à l'alliance et s'autogérer en attendant l'aboutissement de leurs revendications. Ce qui n'arrive pas En remplacement des employés municipaux, c'est les citoyens qui débarrassent les rues des déchets ménagers, assurent le ramassage scolaire et desservent les villages en eau potable, entre autres activités. Des assemblées et des réunions, des débats politiques se déroulaient régulièrement dans une ambiance qui rappelle celle de la Commune de Paris telle qu'elle est décrite dans les livres. L'implication de tout un chacun arrivait un tant soit peu à faire avancer le bateau Barbacha. Des discussions s'enclenchent à tout bout champs. Des altercations aussi. Des affrontements même, entre les partisans des deux formations. La situation ne s'apaisera qu'à l'arrivée du commis de l'Etat. L'assemblée ouverte acquiesce, estimant que la venue d'un représentant de l'autorité de l'Etat est «un mal nécessaire». En tous cas mieux que l'accession du maire RCD aux rênes de l'APC, disent les membres de l'assemblée ouverte. Forcings De son côté, l'assemblée de Benmeddour ne reste pas les bras croisés. Frustré, le maire, qui s'estime démocratiquement élu, ne cesse de clamer le retour à la «légalité électorale». Après tout, c'est selon la loi que ces alliances «conjoncturelles», même entre formations aux lignes politiques traditionnellement très divergentes, voire contradictoires parfois, sont rendues possibles. Benmeddour n'a pas cessé jusqu'à ce jour d'attirer l'attention des pourvoirs publics pour qu'elles interviennent et faire régner la loi. En vain. Après plusieurs forcings infructueux afin d'accéder à son fauteuil de P/APC, Benmeddour ne capitule pas. Il ponctue périodiquement ses déclarations et ses communiqués appelant «au retour à l'ordre» par des rassemblements en compagnie de ses partisans, aussi bien à Barbacha qu'au chef-lieu de la wilaya. Toutes ces tentatives restent à ce jour inaudibles. D'ailleurs, pas plus tard que le 26 décembre dernier, le premier responsable de la wilaya a tourné le dos au verdict du tribunal près la cour de Béjaïa, qui s'est prononcé en faveur «du retour à l'ordre», autrement dit l'accession de Mohamed Benmeddour à la tête de l'APC de Barbacha. Une source de la wilaya nous a expliqué que les autorités ont procédé de la sorte de peur que la situation ne tourne au vinaigre. La démarche visée est sans doute de tenir le coup jusqu'aux prochaines élections. Tiendra-t-on jusque là ?