Organisé par l'ambassade des Etats-Unis à Alger, la représentation d'El Gusto, a suscité un grand intérêt de la part du public. Plusieurs spectateurs ont dû rebrousser chemin à cause de la non-détention du fameux sésame la «carte d'invitation». L'accès, rappelons-le, a été placé sur invitation de l'ambassade des Etats-Unis. C'est vers 19h que Son Excellence l'ambassadrice des Etats-Unis en Algérie, Joan A. Polaschik, a donné le «la» de la soirée. Dans son discours de bienvenue, elle a indiqué que «c'est un bonheur de partager ce concert avec l'Algérie. Je remercie le ministère de la Culture d'avoir généreusement mis à notre disposition ce charmant espace du TNA, riche en histoire et très cher aux musiciens d'El Gusto. Ce concert s'inscrit, également, dans le cadre de la célébration du mois du jazz aux Etats-Unis». Place ensuite à l'entrée sur scène de l'imposant orchestre El Gusto – riche d'une trentaine de musiciens – sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous. Le comédien, humoriste et chanteur Robert Castel – fils de Lilli Labassi, compositeur violoniste, et chanteur de chansons légères franco-arabes – n'a pas pu contenir son émotion lors de ses retrouvailles avec son pays de naissance. Tout en épongeant ses larmes sincères, il explique qu'il s'agit d'un moment personnel avec l'Algérie. En guise d'intro, le qanoun laisse glisser ses douces notes pour ensuite fusionner avec les autres instruments musicaux. Les airs de la célèbre chanson Albareh kan fi oumri âcherine (hier j'avais vingt ans) se devinent en filigrane. L'heure est au souvenir irrévocable et à la nostalgie pour cette ancienne génération qui a eu à découvrir et à savourer le chaâbi à l'état pur à leur époque. Certains septuagénaires rattrapent subtilement quelques larmes au coin de l'œil. D'autres, les plus jeunes, s'adonnent à la danse sans complexe. Les musiciens se lèvent pour saluer magistralement le chaleureux public. El Gusto, dirigé par le chef d'orchestre Petit Moh, est mené par le saxophoniste américain, 23 musiciens, 4 élèves de l'INSM ainsi que 5 artistes : Abdelmadjid Meskoud, Abdelkader Chercham, Rachid Berkani, Liamine Haimoun et Robert Castel. A l'occasion de cette soirée mémorable d'une durée de deux heures, El Gusto a repris des stantards du chaâbi. A tour de rôle ou à l'unisson, les chanteurs se sont évertués à reprendre de célèbres morceaux, comme Djazairia ya habibti, Chayrel el ayni, Ya benti enti Zehira, Adjini Adjini, Fettouma, Rah el ghali, Zine oua el aïn, Kahoua oua latay, Les Français de la France et l'incontournable Ya rayah. Il faut dire que l'orchestre El Gusto se caractérise non seulement par cette parfaite maîtrise de cet art universel qu'est la musique, mais également par cette complicité. Preuve en est, tout au long du concert Abdelmadjid Meskoud et Robert Castel n'ont pas cessé d'échanger des boutades et des sourires. La danse était aussi au rendez-vous entre Robert Castel et l'accordéoniste Mohamed El Ferkioui. Si l'orchestre a eu du mal à se produire en Algérie, la réalisatrice et porteuse du projet El Gusto, Safinez Bousbia, avoue : «Nous voulons rencontrer le public algérien. Donnez-nous s'il vous plaît la chance de nous produire. Nous ne sommes pas des organisateurs de spectacles, nous sommes juste des prestataires. Si vous faites appel à nous, nous sommes partants pour faire des concerts gratuits. Il est vrai que nous nous sommes produits dans beaucoup de pays, mais ici, c'est bien que ces musiciens retrouvent l'Algérie.»