Le conflit au Yémen a connu un nouveau développement après l'annonce par l'Arabie Saoudite de l'arrêt de sa campagne militaire aérienne contre les rebelles houthis et du début d'une nouvelle phase, baptisée «Redonner l'espoir», en vue de la reprise du processus politique dans ce pays. Après 27 jours de raids de l'aviation de la coalition arabe ayant fait plus de 900 morts, Riyad a proclamé la fin, à partir de mardi soir, de son opération «Tempête décisive», contre les rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite qui se sont emparés de plusieurs régions du Yémen dont la capitale, Sanaa, plongeant le pays dans une crise sans précédent. L'aviation de la coalition a toutefois lancé hier de quelques raids contre des positions houthies. Ceux-ci étaient destinés, a indiqué Riyad, à desserrer l'étau autour de la Brigade 35 blindée, restée fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi et dont le camp près de Taëz (sud-ouest) venait d'être investi par des rebelles chiites houthis. Un rassemblement de ces derniers a aussi été visé dans cette même ville, la troisième du Yémen, et deux nouveaux raids ont pris pour cible des positions rebelles, toujours près de Taëz. En proclamant mardi soir la fin de la campagne aérienne intensive déclenchée le 26 mars, l'Arabie Saoudite a affirmé effectivement que la coalition se réservait le droit de bombarder, au cas par cas, des mouvements suspects d'insurgés, et le porte-parole de la coalition, le général Ahmed Al Assiri, a souligné que le blocus maritime serait maintenu. L'annonce de l'arrêt des frappes a été saluée aussi bien par Téhéran que par Washington. Le président Barack Obama a appelé l'Iran à contribuer à trouver un accord politique. La décision saoudienne est intervenue après des mouvements de l'US Navy, qui a rapproché un porte-avions du Yémen pour surveiller un convoi de navires iraniens soupçonnés de se diriger vers ce pays. Ce déploiement permet aux Etats-Unis de «préserver leurs options», selon le Pentagone. L'ex-président du Yémen Ali Abdallah Saleh, allié aux Houthis, a lui aussi bien accueilli la décision de Riyad et espéré que «tout le monde coopèrera pour revenir au dialogue et trouver des solutions, loin de paris qui peuvent s'avérer perdants et coûteux». Les Houthis n'ont pas immédiatement réagi mais ont libéré trois personnalités capturées le 25 mars dans le sud. Il s'agit du ministre de la Défense Mahmoud El Soubeihi et de deux généraux, dont Nasser Mansour Hadi, frère du Président en exil. Selon le ministère saoudien de la Défense, les frappes aériennes sont parvenues «avec succès à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de l'Arabie Saoudite et des pays voisins». Il a fait état de la «destruction d'armes lourdes et de missiles balistiques qui avaient été saisis par la milice Houthie et les forces de (l'ex-président) Ali Abdallah Saleh dans des bases et camps de l'armée». Mais en dépit du succès revendiqué par Riyad, la capitale Sanaa reste aux mains des rebelles et de violents affrontements continuent de secouer le sud du pays. Simultanément à l'arrêt des raids, la coalition a annoncé le début d'une nouvelle phase, baptisée «Redonner l'espoir», en vue de la reprise du processus politique au Yémen, de la fourniture d'une aide humanitaire et de la «lutte contre le terrorisme», dans un pays où Al Qaîda reste très actif. Mais si dialogue il y a, les Houthis négocieront certainement en position de force. Une chose est sûre : les Yéménites se voient offrir une nouvelle chance de faire la paix. A mentionner que la situation humanitaire a atteint dans ce pays pauvre un niveau alarmant et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde, mardi, contre un effondrement imminent des systèmes de soins en raison de pénuries de médicaments et de coupures d'électricité. L'OMS a fait état de 944 morts et 3487 blessés (civils et militaires) au Yémen entre le 19 mars et le 17 avril.