Les intervenants dans le secteur du bâtiment sont tenus de respecter le Règlement parasismique algérien (RPA). Datant de 1981, le document, conçu et révisé par le Centre de génie sismique (CGS), a été revu en 2003. «Le document sur lequel travaillent les différents intervenants, tels que les bureaux d'études, les maîtres d'ouvrages, les laboratoires et les ingénieurs du CTC, a été révisé par arrêté du 4 janvier 2004 juste après le séisme qui a frappé Boumerdès. Le PRA 99 est désormais accompagné d'un addenda. Certaines modifications ont été apportées dans la précipitation à ce document. Par exemple, Alger est désormais classée zone sismique 3 alors qu'elle était au niveau 2», indique une source au ministère de l'Habitat ayant requis l'anonymat. Les «ambiguïtés» constatées dans le RPA 2003, «fait dans l'urgence», ont nécessité l'organisation de réunions régionales avec les différents intervenants en 2010. Sauf que les propositions faites n'auraient pas été prises en charge. «Trois rencontres régionales et une rencontre nationale ont été organisées avec les différents intervenants en octobre 2010. Mais, à ce jour, rien de concret n'a été décidé et les différents partenaires travaillent avec le même RPA. Il y a, par exemple, le coefficient de comportement des structures qui reste difficile à interpréter. Chacun peut l'expliquer à sa manière, et tous auront au final raison», précise notre source, qui estime que le CGS a la «compétence nécessaire pour actualiser» le document de référence. Selon cette source, un désaccord entre le CGS et le Craag serait à l'origine du retard de la révision du RPA. «Les deux organismes, CGS-Craag, ont leur propre réseau de collecte des données sismiques», assure-t-elle. Y a-t-il une réglementation spéciale pour les infrastructures publiques ? Les règles sismiques sont identiques, mais les spécificités de l'équipement incitent les services chargés de l'application de la réglementation à adopter une approche différente. «Le coefficient semi-probabiliste change suivant plusieurs paramètres, à savoir le nombre des occupants, l'aspect stratégique de la structure. On prend en compte dans les projets d'équipements publics, le groupe d'usage, la sismicité historique et l'économie de l'ouvrage. Par exemple, une caserne de militaires ou de pompiers ou même un hôpital doivent obéir à des normes plus strictes vu que les équipements en question, fortement occupés et stratégiques, doivent résister en cas de séisme», signale notre source. Un service comme l'organisme de Contrôle technique de la construction (CTC), tenu de faire respecter le RPA et d'autres règlements (DTR, DTU), intervient durant le processus de construction par l'examen des plans des grands ouvrages, le contrôle de la qualité du béton, du sol, etc. «Un dossier doit être soumis au CTC. Il contient l'étude géotechnique, la note de calcul et le plan. Après avoir examiné les pièces du dossier, le CTC donne son visa. Mais le travail de ses ingénieurs ne s'arrête pas là, ils interviennent lors de l'exécution par le contrôle du sol (examen du fond de fouille) et du béton. L'ingénieur prélève un échantillon du béton dans une éprouvette à fracasser au bout de 28 jours. Il arrive qu'un carottage soit également fait. Si le béton n'est pas aux normes, il est demandé à l'entreprise de démolir la structure», relève-t-on. Y a-t-il de la résistance de la part des entreprises chargées de la construction des équipements publics ou même des programmes de logements (LPL, LPP, AADL, etc.) ? «Les entreprises publiques sont conscientes du danger encouru. Elles démolissent carrément la structure après le constat négatif du CTC. D'ailleurs, en début d'année, il y a eu des démolitions sur le site AADL de Mahelma, suite à la mauvaise qualité du béton. Mais les privés font de la résistance», reconnaît l'expert, signalant que des entreprises jouent «au chat et à la souris» avec les intervenants tels que le CTC. Le Centre de génie sismique qui a rédigé le RPA a renforcé ses équipements pour prendre en charge la vulnérabilité sismique de certains bâtiments stratégiques par l'acquisition d'une table vibrante (shaking table) de dernière génération. «Le CGS a acquis des équipements mobiles et fixes d'essais dynamiques des structures et dispose actuellement d'une table vibrante installée dans son laboratoire à El Achour. Elle permet de reproduire des séismes artificiels à une échelle réduite. Mais cet équipement, acquis il y a plusieurs mois, n'aurait pas servi à grand-chose. Pourtant, son utilité n'est pas à démontrer», estime-t-il.