Il y a 52 ans, jour pour jour, le premier président algérien, Ahmed Ben Bella, annonçait dans un discours à la nation, prononcé le 29 avril 1963, la création d'un Fonds national de solidarité (FNS). Ce fonds sera destiné à financer les projets de lutte contre le chômage, la pauvreté et la précarité qui minent une jeune nation, sortie de 132 ans de colonisation et 7 ans et demie d'une guerre ter rible. Tous ceux qui ont vécu l'euphorie des premières années de l'indépendance se rappellent encore de ce que l'on nommait à l'époque «Soundouq ettadamoun», pour lequel Ben Bella a appelé le peuple à y contribuer pour aider l'Etat algérien à réussir ses premiers projets sociaux post-indépendance. A l'époque, la majorité de la population était pauvre. Dans certaines régions très touchées par la guerre, des milliers de familles vivaient dans le dénuement total. Créé par décret n°63-147 du 25 avril 1963, le FNS fera l'événement. Un événement qui sera immortalisé par l'émission d'un timbre-poste, le 26 mai 1963. Il porte le n°16 dans le catalogue des timbres d'Algérie-Poste, depuis l'émission du 1er timbre algérien le 1er novembre 1962. Dessiné par Bouzid et Ferrer, gravé par Combot, et sorti de l'imprimerie des PTT de Paris, le timbre en question, tiré à 500 000 exemplaires, avait pour valeur faciale 0,50 nouveau franc NF (le dinar n'était pas encore né), avec une taxe de solidarité de 0,20 NF. Cette dernière devait être versée comme contribution au FNS. Le dessin symbolisait deux mains serrées l'une contre l'autre, en signe de solidarité, surmontées d'un épi et d'un rameau, désignant la prospérité et la paix, sur fond rouge et vert, dans un cadre blanc (couleurs de l'emblème national). Comme légende, on peut lire en français «Fonds national de solidarité», avec une traduction en arabe non-conforme, puisque on y lit «Soundouq ettadamoun El watani» (c'est-à-dire en français Fonds de solidarité nationale). La campagne de collecte de dons pour le FNS avait connu un succès incomparable et avait dépassé toutes les attentes. Durant plus d'un mois, le peuple algérien, et malgré ses faibles moyens, avait été très généreux. Des chaînes interminables se formaient devant les recettes postales dans toutes les villes. Ceux qui n'avaient pas de l'argent en espèces faisaient don des bijoux de leurs mères ou de leurs épouses. Des images de bravoure qui resteront gravées dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette époque. On parle de millions de nouveaux francs collectés, ainsi que de centaines de kilos d'or. Depuis, et après le fameux coup d'Etat de juin 1965, on n'entendra plus parler du Fonds national de solidarité. L'argent et l'or collectés avaient-ils servi vraiment à réaliser ce que l'Etat avait annoncé ? La question demeure toujours posée jusqu'à ce jour. Interrogé quelques années après sa libération dans les années 1980, le défunt président Ahmed Ben Bella avait tenté d'apporter des réponses, sans trop convaincre. Peut-être qu'un jour l'histoire parviendra à y répondre.