La maladie de la blue tongue ne cesse de causer des pertes dans le cheptel ovin. Une propagation qui inquiète les vétérinaires et préoccupe sérieusement les éleveurs de la localité d'Ath Yenni. En effet, la subdivision des Ouacifs qui se charge de plusieurs régions et communes ne pourrait cerner les dégâts et les pertes de l'épizootie régnante dans les villages reculés d'Iboudrarène ou de Yattafène. Certains éleveurs, livrés à eux-mêmes, comptent par dizaines les ovins tués par la maladie, presque dans un mutisme total. « Au début, des éleveuses d'ovins, mères de famille, ont essuyé la catastrophe sans savoir à quel saint se vouer », nous dira B. Ahmed, vétérinaire, qui s'attelle à sauver ce qu'il peut, « car, avoue-t-il, avec le peu de moyens impartis dans un aussi vaste espace à déparasiter, on ne peut pas atteindre tous les foyers où l'agent viral ferait encore des victimes ». Cette équipe de vétérinaires suit de près l'évolution de la langue bleue. Selon ces spécialistes, la baisse des températures pourrait ralentir, voire même, anéantir le virus, ce qui soulagerait beaucoup d'éleveurs abandonnés. Certains s'efforcent à consulter des vétérinaires « privés ». « Nous ne pouvons compter sur les structures étatiques, car nous avons eu des expériences où souvent il fallait nous en sortir grâce à nos propres moyens », rouspète Mohand, un sexagénaire, allusion faite aux sinistres des intempéries et autres pertes antérieures. A Draâ El Mizan, le service vétérinaire de la subdivision agricole vient dernièrement de donner l'alerte aux éleveurs de la daïra, à la suite de l'apparition de foyers de la maladie de la blue tongue qui affecte les ovins et la maladie d'Ibaraki chez les bovins. Les responsables de la santé animale recommandent ainsi aux éleveurs d'éviter au maximum tout déplacement de leur cheptel vers les marchés à bestiaux. Bien qu'aucune victime ne soit signalée jusqu'à maintenant à travers toute la localité, les fellahs ne sont pas tranquillisés pour autant. M. Ouhada, éleveur du hameau de Draâ Es Sachem, à 4 km au nord-est de Draâ El Mizan, qui possède de belles vaches de la race « pie rouge », très productives en lait, n'a pas caché son inquiétude face à ce virus qui frappe n'importe quand et n'importe où. En outre, selon plusieurs éleveurs de la localité que nous avons rencontrés, il nous a été signalé que la Caisse régionale de la mutualité agricole (CRMA) refuse d'assurer les nouveaux bétails signalés depuis l'apparition de la maladie. Par ailleurs, les vétérinaires privés n'ont pas cessé de sillonner toute la localité pour rendre visite à leurs clients afin de leur faire connaître, non seulement ce mal, mais également de leur indiquer les moyens appropriés de prévention. « Nous travaillons à longueur d'année avec notre clientèle. Leurs bêtes sont les nôtres, car elles sont notre gagne-pain, c'est notre devoir donc d'aller devant nos éleveurs sans attendre leur visite », nous confie M. Hadj Ali, un jeune vétérinaire installé à Draâ El Mizan. A. B., E. M.