Le programme lancé en 2007 pour l'enseignement des adultes et la lutte contre l'analphabétisme a permis à près de deux millions de personnes de s'affranchir de l'analphabétisme, révèle Kamel Kherbouche, directeur général de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes (ONAEA), lors d'une entrevue avec El Watan. Le taux d'analphabétisme est estimé à 15,15% en 2014, selon les chiffres communiqué par ce même responsable, alors qu'il était de 22,3% en 2008, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). M. Kherbouche estime que la politique développée dans le dernier programme repose sur le principe de l'alphabétisation en tant que moyen de développement durable et de satisfaction personnelle, contrairement aux politiques passées qui résumaient ce concept à une finalité en soi. D'ailleurs, avec une attestation «d'affranchissement» de l'analphabétisme obtenue après deux ans d'études (trois niveaux d'instruction), l'apprenant peut envisager de poursuivre ses études par correspondance ou dans l'enseignement et la formation professionnelle. «Le programme lancé en 2007/2008 s'intéresse prioritairement aux personnes âgées de 16/49 ans, donc celle qui pourraient présenter un intérêt professionnel, aux femmes et aux personnes aux besoins spécifiques», explique notre interlocuteur. Selon M. Kherbouche, certains ont pu obtenir le baccalauréat, d'autres le BEM après de longues études avec un point de départ : les cours d'analphabétisme. L'ONAEA propose «un réseautage qui permet aux apprenants de bénéficier d'une assistance allant de l'obtention de crédits jusqu'à l'ouverture de micro entreprises et la commercialisation de leurs produits». Bientôt des centres d'alphabétisation - crèches La femme représente 87% de l'ensemble des apprenants inscrits régulièrement dans des classes d'alphabétisation, a relevé M. Kherbouche, ajoutant que la rentrée scolaire 2014-2015 a vu l'inscription de 500 000 personnes à l'échelle nationale. Il faut rappeler qu'au lendemain de l'indépendance, l'Algérie comptait 85% d'analphabètes parmi sa population. Plusieurs campagnes d'alphabétisation ont été lancées avec des slogans qui accompagnent l'orientation politique et sociale du pays. «Je me libère», ou encore «J'apprends ma langue», destinées en 1969 aux fonctionnaires algériens plutôt francophones. «Le changement de la méthode d'apprentissage proposé a boosté les résultats», estime M. Kherbouche. L'organisme a fait appel à 8 associations nationales et un millier d'associations locales et comités de villages et de quartiers engagées dans la lutte contre l'analphabétisme pour dynamiser ce programme. «Les militants exploitent leurs connaissances et proximités avec les intéressées et procèdent à un véritable recrutement. Avec ce procédé les particularités régionales sont respectées. Les horaires peuvent être aménagées selon les spécificités locales», explique le directeur de cette institution. L'expérience des centres d'alphabétisation pour adultes incluant «des espaces pour la petite enfance à Djelfa et Adrar est une réussite», selon M. Kherbouche. Ces centres communautaires permettent aux femmes ayant à charge des enfants en bas âge de suivre les cours d'alphabétisation dans les structures accueillant leurs enfants. Cette expérience a été initiée avec l'Unicef et sera généralisée à d'autres wilayas pour ne pas pénaliser les femmes au foyer ne trouvant pas à qui confier leurs enfants pour étudier.