Lila Borsali a une voix des plus suaves. Sa réputation est bien assise aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. D'un tempérament calme, cette grande dame au regard tendre et au sourire gracieux parle de la nouba avec tendresse et finesse. Lors d'un point de presse qu'elle a animé hier, en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information, à la salle El Mougar, elle est revenue sur son quatrième album, réalisé en partenariat avec l'ONDA, Allégorie TV et Papidou édition. Un album original et novateur ayant nécessité une année de travail. Appartenant à l'école de Tlemcen, Lila Borsali ne se contente pas, cette fois-ci, de reprendre certains anciens textes anciens. Elle innove en interprétant des textes composés sur mesure par l'auteur et compositeur Tewfik Benghabrit. Elle indique qu'elle a voulu s'exprimer à travers cet album sur ses propres sentiments. Elle a voulu partager avec son public quelque chose de réel. Elle revient en chanson sur ce qu'elle a vécu depuis deux ans, coïncidant avec le décès de son regretté mari. La nouba commence par un Mceder, Nhebek ila el abed (Je t'aime à tout jamais) assez triste pour se terminer par une pointe d'optimisme avec un khlass El hayet moutawassila (La vie continue). Lila Borsali souligne que la structure de la nouba a été respectée. Les «Twachis» ont été repris à la lettre et des titres ont été donnés à la poésie. «J'ai eu ce désir de demander à quelqu'un de m'écrire une nouba qui me convienne. Je m'inscris dans un style existant, mais avec des sentiments d'aujourd'hui. J'ai voulu parler de ce qui m'arrive aujourd'hui», confie-t-elle. L'artiste avoue qu'à chacun de ses albums elle a voulu rajouter une touche personnelle. La sortie de ce quatrième album a été, pour elle, une explosion et un virage, puisque cela lui a permis de prendre sa propre route. «Dans cet album, il y a un mélange de douleur et de bonheur. Par ailleurs, je tiens à préciser que nous chantons des noubas qui ont été créées depuis des siècles. Les artistes ont le devoir de laisser une empreinte de leur vivant. Je n'aime pas faire des albums qui se ressemblent. Un patrimoine qui ne se renouvelle pas risque de mourir. L'évolution se fait dans la réflexion. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons cette liberté, nous artistes, de créer», précise-t-elle. Dans la nouba Hosn Es Selim, la chanteuse Lila Borsali rend hommage à son regretté époux, à ses parents, à ses filles, à sa meilleure amie, Leïla, ainsi qu'à son fidèle public. A la question de savoir comment vont réagir les puristes de la musique andalouse face à cet esprit novateur de la nouba, la chanteuse estime que «le travail qu'elle a entrepris n'a pas été fait pour contrer quiconque. C'est un sentiment de partage. Je pense que si la création n'est pas calculée, elle est mieux acceptée. Les personnes qui trouveront à redire sur ce travail se rendront à l'évidence que notre patrimoine doit s'enrichir davantage».