Après un premier album intitulé "Frak Lehbab" (Loin des êtres chers), consacré entièrement au Hawzi, un dérivé de l'andalou propre à la région de Tlemcen, Lila Borsali se lance dans la nouba en enregistrant un album dans le mode Rasd Eddil. La jeune interprète du Hawzi, également spécialiste du Hawfi, un chant propre aux femmes de la région exécuté selon les règles du Gharnati (école de Tlemcen), entame sa nouba par deux préludes instrumentaux, une M'chalia puis une Touchia. Après les deux introductions musicales, la voix cristalline au vibrato remarquable de Lila Borsali s'élance, accompagnée par le luth, la kwitra, le violon et autres rebab dont elle épouse harmonieusement les sons, pour chanter un Mçadar "Qad Gharred El Yamam" (chants de colombes), un hymne à l'amour et à la passion. Avec une interprétation juste, la chanteuse enchaîne avec un Btaïhi "Malakni El Haoua", un Derdj "Ya men sada sayden" puis un Inciraf "Abket Fi Erayed", avant de lancer un Istikhbar dans le mode Moual, "Lama Tarakoum Ayni", où la voix de l'artiste qui a beaucoup gagné en maturité, entre en parfaite communion avec les instruments. Après trois Inciraf, des pièces musicales au mouvement plus rythmé, l'artiste termine la nouba par deux Khlass "Niranou Kalbi" et "Djoul Djoul Tara", dans une ambiance enjouée. "Au delà d'une passion, la musique andalouse fait partie de mon identité. Interpréter une nouba est évidement un défi car cela exige beaucoup de travail et de connaissances en musique", explique Lila Borsali à l'APS, affirmant vouloir continuer sur cette voie en enregistrant des noubas dans d'autres modes car, dit-elle, "il y a encore beaucoup de pièces musicales à travailler ou à retravailler et ce challenge est très motivant". "J'ai toujours pratiqué cette musique dans un cadre associatif où j'ai appris à chanter la nouba, le Hawzi ainsi que le Madih. Pour interpréter une nouba, il faut avoir une maîtrise du +mizene+ (mesure) et des modes. Comme il s'agit d'un patrimoine commun et non d'une composition personnelle, j'essaye de donner une touche personnelle à des pièces musicales interprétées depuis des siècles et par plusieurs artistes", dit-elle. Lila Borsali est issue d'une famille Tlemcenienne d'artistes. C'est à Tlemcen qu'elle fait ses premiers pas dans la musique. Dès l'âge de onze ans, elle est l'élève assidue de M. Bekkai qui dirige une classe d'initiation à la musique, et apprend déjà à jouer à la mandoline. Elle intègre la prestigieuse association "Ahbab Cheikh Larbi Bensari" et l'orchestre "senior" dirigé par Fawzi Kalfat pour devenir aussitôt l'une des solistes du groupe avant de participer à de nombreux concerts et festivals, et d'enregistrer un CD à Radio France : Nouba Zidane où elle interprète un Insiraf "Ya Ghazal Dabyu El Hima". En 1995, elle s'installe à Paris (France) et devient co-fondatrice de l'Association Les Airs Andalous. Sous la direction de Abdelkrim Bensid, elle opte pour un instrument plus traditionnel la kwitra, enrichit ses connaissances dans le domaine du patrimoine andalou et parfait sa technique de chant. En 2009 Lila Borsali est de retour en Algérie où elle devient membre de l'association "Les Beaux Arts" d'Alger sous la direction de Abdelhadi Boukoura. Avec cette association, elle participe à diverses manifestations et enregistre avec l'orchestre une nouba Rasd où elle interprète un Inciraf.