Durant 67 secondes, ces villes ont été complètement paralysées par l'arrêt de la circulation. Jeudi, des milliers de Palestiniens sont sortis dans les rues, partout en Palestine, pour exprimer leur tristesse concernant le sort réservé à tous ceux qui ont été forcés, par les sionistes, à partir. Les manifestations visaient également à rappeler aux Israéliens et au reste du monde que les Palestiniens ne perdront jamais l'espoir de retrouver, un jour, leurs maisons et leurs terres d'où ils ont été chassés par la force des armes. L'opinion internationale doit savoir que le départ des 750 000 Palestiniens n'a pas été un «dommage collatéral» de la guerre de 1948 entre l'armée d'occupation israélienne et certains pays arabes. La destruction totale de plus de 500 villages palestiniens, une fois vidés de leurs habitants, est la preuve patente que l'expulsion de centaines de milliers de citoyens autochtones était programmée. Pour réussir leurs plans diaboliques, des organisations sionistes terroristes de l'époque, telles que l'Irgoun, Lehi, Stern et le Hagana ont massacré des populations entières dans certaines localités. A Deir Yassine, près de la ville sainte d'El Qods, le 9 avril 1948, plus de 150 personnes (femmes, enfants, hommes et personnes âgées) avaient été massacrées en quelques heures seulement. Pour faire fuir les Palestiniens, les milices sionistes armées ont choisi de pratiquer le terrorisme à grande échelle. C'est ainsi qu'elles ont pu vider de leurs habitants de grandes villes comme Haïfa, Aka et Yafa. A peine moins du tiers de la population a pu échapper aux massacres. Le 11 décembre 1948, l'Organisation des Nations unies a adopté la résolution 194 qui accordait aux réfugiés palestiniens le droit de retourner chez eux. A l'instar de dizaines de décisions et de résolutions reconnaissant les droits nationaux des Palestiniens, celle concernant le retour des réfugiés n'a jamais été respectée. Pis, aujourd'hui encore, Israël refuse catégoriquement ce retour, refusant même que cette question soit à l'ordre du jour des négociations de paix. Heurts violents A cette occasion, le président Mahmoud Abbas a souligné dans une allocution télévisée adressée jeudi soir au peuple palestinien, «que tous les plans des gouvernements israéliens successifs consistant à faire disparaître la cause palestinienne ont échoué». «Cet échec n'a pas réussi encore à faire admettre à ces gouvernements qu'il n'y a pas de paix avec la poursuite de l'occupation (…).» «Quoi qu'il arrive le peuple palestinien restera attaché à sa terre et à ses droits. Ce qui s'est passé en 1948 ne se reproduira plus. La cause palestinienne n'est plus réduite à une question de réfugiés», a-t-il ajouté. Le président palestinien a insisté sur l'idée que «le monde entier reconnaît que la cause palestinienne est une cause de libération nationale, que le peuple palestinien a le droit à l'autodétermination et que l'occupation israélienne et ses pratiques sont rejetées et sont en contradiction avec le droit international». «La politique de colonisation pratiquée par Tel-Aviv n'a aucune légitimité, y compris dans la ville sainte d'El Qods, (Jérusalem-Est) qui est une partie intégrante des terres palestiniennes occupées en 1967 et la capitale éternelle de notre futur Etat», a-t-il martelé. Comme il fallait s'y attendre, les manifestations anti-apartheid ont repris, vendredi après la prière hebdomadaire. Comme chaque vendredi, une manifestation de protestation contre la colonisation et la construction du mur de séparation raciste édifié par Israël sur des terres palestiniennes a eu lieu dans le village de Belain, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Celle-ci a coïncidé avec le 67e anniversaire de la Nakba. Les manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens. Ils ont scandé aussi des slogans réitérant leur attachement au droit des réfugiés au retour. Les soldats israéliens ont alors usé de leurs armes en tirant des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes dont le gaz était particulièrement toxique, puisque de nombreuses personnes qui l'ont inhalé sont tombées malades. L'armée d'occupation israélienne a également brûlé des dizaines d'oliviers. Netanyahu fragilisé par Lieberman Dans la localité de Bitouniya, proche de Ramallah aussi, les heurts ont fait 3 blessés par balle parmi les jeunes Palestiniens. Ceux-ci ont répondu aux tirs israéliens en lançant des pierres. Dans la ville sainte d'El Qods, après la prière dans la mosquée d'El Aqsa, les citoyens ont manifesté en déployant des drapeaux palestiniens et des bannières noires. Ils ont été durement réprimés par des soldats israéliens qui étaient à cheval. On dénombre plusieurs blessés. D'autres villes et localités de Cisjordanie occupée ont vécu des événements similaires. Dans la bande de Ghaza, où il n'y a plus de soldats israéliens sur le terrain depuis le redéploiement de 2005, des centaines de jeunes se sont dirigés vers le terminal de Nahel Oz, à l'est de l'enclave, pour exprimer leur volonté de faire valoir le droit au retour des réfugiés. Les soldats israéliens postés à cet endroit de la frontière les ont accueillis par des tirs à balles réelles. Il en a résulté la blessure de trois citoyens qui ont été évacués vers l'hôpital Al Shifa de Ghaza. A signaler que le 67e anniversaire de la Nakba a coïncidé avec l'annonce d'un nouveau gouvernement israélien présidé par Benjamin Netanyahu, le Premier ministre sortant et chef du parti Likoud, le plus grand parti de la droite israélienne. Ce gouvernement, composé exclusivement de partis de droite et d'extrême droite, ne dispose pas d'une majorité confortable à la Knesset (Parlement israélien) puisqu'il n'a l'appui que de 61 députés sur 120. Les observateurs parient que ce gouvernement ne fera pas long feu et qu'Israël vivra des élections anticipées dans peu de temps. Un parti de l'extrême droite israélienne, Israël Beitenou, de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, ancien allié de Netanyahu, a étrangement refusé de se joindre à la coalition, ce qui contribue à la fragiliser. Dans ses premières déclarations, après que son gouvernement ait reçu l'approbation de la Knesset, le Premier ministre israélien a promis de poursuivre la politique de colonisation dans les territoires palestiniens occupés. La direction palestinienne ne s'attendait pas à mieux de la part d'une coalition qu'elle avait déjà qualifiée «d'ennemie de la paix».