Le président de Talaiou El Houriyet relève que la Constitution a cessé d'être un pacte social pour être abaissée au rang de simple instrument d'une personnalisation du pouvoir. Notre parti est une force politique qui émerge pour s'opposer à un pouvoir qui veut demeurer à vie, un pouvoir personnel qui ne recule devant rien, y compris les dérives les plus extrêmes comme celle d'une succession dynastique dont il teste la recevabilité et la faisabilité de temps à autre.» C'est ce qu'a déclaré en substance, hier, Ali Benflis devant près de 400 congressistes qui ont pris part, hier à Oran, au congrès régional de l'Ouest de son parti en voie de constitution. Le président de Talaiou El Houriyet, qui a prononcé un discours totalement axé sur la politique à l'ouverture des travaux, s'est félicité de «la présence massive des militants» à ces assises, ce qui dénote, selon lui, «de la bonne implantation de son parti». Ce conclave, premier des cinq assises régionales qui a regroupé les délégués de l'ensemble des wilayas de l'Ouest, s'est tenu dans la perspective du congrès national constitutif qui se tiendra les 13 et 14 juin à Alger, dernière ligne droite pour décrocher un agrément. Le regroupement d'hier a permis aux congressistes de formuler un certain nombre d'idées et de propositions sur les avant-projets des statuts, du règlement intérieur et du programme du parti. Les délégués d'Oran, Sidi Bel Abbès, Relizane, Mostaganem, Tlemcen, Aïn Témouchent, Saïda, Mascara, Tiaret et de Tissemsilt étaient tous présents. Devant une assistance composée de peu de femmes et de beaucoup de jeunes, Ali Benflis a réitéré son appel à «un changement consensuel, apaisé, graduel et ordonné». «L'opposition politique est un droit constitutionnel. Mais elle n'est pas que cela et ne peut absolument pas être réduite qu'à cela. Elle se transforme et devient un devoir national sacré, dès lors que l'Etat national est menacé et la nation en péril», a-t-il lancé. Et de fustiger «la conception absolutiste et autoritaire du pouvoir qui est le mal profond dont il est nécessaire de guérir notre système politique». Pour lui, «le remède à ce mal est l'alternative démocratique». L'orateur a tiré à boulets rouges sur «le régime illégitime et clientéliste qui a affaibli l'Etat national. Un régime qui divise au lieu de rassembler». Et de dénoncer une dérive : «Le régime identifie l'opposition comme source d'une menace pour la nation.» «Depuis quand le fait de relever, à raison, que le centre de décision est occupé par d'autres que son titulaire constitutionnel est-il constitutif d'un crime d'intelligence avec l'ennemi ?» s'interroge-t-il. «La Constitution a cessé d'être un pacte social pour être abaissée au rang de simple instrument d'une personnalisation du pouvoir (…) L'Etat de droit que nous aspirons à construire n'est encore qu'un Etat de non-droit où prévalent autant l'arbitraire et l'abus de pouvoir que les diktats et les faits accomplis. La bonne gouvernance n'est toujours qu'une non-gouvernance (…) Il y a encore une justice à deux vitesses, comme il y a une citoyenneté à deux vitesses», déplore-t-il. «La vacance du pouvoir contraint les institutions à se retrouver en situation de cessation d'activité», s'alarme-t-il avant de s'élever contre «la confiscation de la volonté souveraine du peuple». Après l'ouverture des travaux par Nordine Djelouli, ex-maire d'Oran et superviseur de ces assises, Réda Benouanane, coordinateur du parti à l'Ouest, a été élu président de ce congrès régional. Des commissions ont été installées pour confectionner un rapport final de ce conclave de l'Ouest qui sera soumis au congrès d'Alger. Le programme du parti Talaiou El Houriyet (l'avant-garde des libertés) tire sa substance du projet électoral de Ali Benflis, candidat au dernier scrutin présidentiel. Sur le plan politique, la principale revendication du parti est «l'alternance démocratique». Ce parti émergent considère également la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire comme un principe fondamental de la démocratie. A contrario, il dénonce la concentration, entre les mains de l'Exécutif, de tous les pouvoirs. Ali Benflis, en passe de créer ce parti, coordonne le Pôle des forces du changement, qui fait partie avec la CLTD de l'Instance nationale de suivi et de concertation de l'opposition (ISCO), qui réclame notamment la mise en place d'une instance indépendante pour l'organisation de toutes les futures élections.