Le poète altier des cimes du Djurdjura, l'icône de la musique kabyle, Lounis Aït Menguellet, se produira le samedi 23 mai au Festival Sur les pointes, au Parc des Lilas, à Vitry-sur-Seine, près de Paris, au grand bonheur de ses admirateurs et autres amateurs de la chanson d'expression kabyle. Et ce, lors d'une soirée alignant de grands noms de la world musique, rap et dub, comme Asian Dub Foundation, Massilia Sound System, Che Sudaka, Flouka, Eyo'Nle… Le public, foncièrement hétéroclite, se délectera surtout avec son dernier et très recherché, voire abouti album intitulé Isefra (poèmes) publié aux éditions Izem, en mai 2014. Un opus offrant huit chansons. Le titre éponyme Isefra (Poèmes, 5'46) dont le texte est d'une grande éloquence et élégance. Et ce, à travers une orchestration galvanisée, brillante et cristalline acoustiquement parlant, où bendir, mandole, banjo, violons, flûte et autres cordes basses évoluent dans une bonne intelligence instrumentale. Sur cet écrin, Lounis Aït Menguellet pose une voix de «bohème et poèmes». Un phrasé gouleyant sur des mots ciselés : «Si le don d'éloquence t'est donné / Sème les mots pour qu'ils germent / Parfois, ils donneront de bons fruits/Parfois ils s'épanouiront en lauriers roses/ Parfois, ils s'envoleront tels des oiseaux/ Parfois, ils seront meurtriers pour celui qu'ils atteignent/ Si le don d'éloquence t'est donné/ Alors, tu seras un homme de sagesse…». Des lyrics sonnant comme des aphorismes et autres axiomes émanant d'un artiste écorché vif, d'une sagesse forçant le respect. Isefra, un album abouti Et puis, cette force tranquille qu'on lui connaît et reconnaît. Adim Amcum (Dettes de malheur), Temettut (femme), Ageffur (Jour de pluie), Ruh a zzman (Continue ta course, ô temps), Walagh (J'ai vu), Isefra nniden (Autres poèmes) ou encore Aâwaz (veille) sont des ballades de très bonne facture, tantôt mélancoliques — cette beauté de la tristesse — celtiques avec les nostalgiques flûtes et violons à la manière des Fiddlers d'Irlande et aussi festives comme Isefra nniden. Une «thamaghra» (fête) utile et pas du tout futile. Car les paroles expriment un espoir, une espérance. L'album proprement dit a été «goupillé», arrangé et réalisé par son fils, Djaffar Aït Menguellet — un chanteur qui n'est plus à présenter — avec la participation de musiciens talentueux tels que Yuva Sid (guitares folk et sèche), Nadjib Gamoura (basse) ou encore Nabil Kassouri (percussions). C'est sûr, Lounis Aït Menguellet, à 64 ans, jure avec la gérontologie. Au contraire, il est aussi vert ! Et «on the road again» (de nouveau sur les routes), bientôt à travers les villes d'Algérie. A bon entendeur, merci ! Festival Sur les pointes, Parc des Lilas, Vitry-sur-Seine (94). Le 23 mai 2015, Lounis Aït Menguellet en concert : de 10,5 à 18,5 euros.