Le poète altier des cimes du Djurdjura, l'icône, le chantre de la musique kabyle, Lounis Aït Menguellet, vient de publier un album tout frais tout chaud, intitulé Isefra (poèmes) aux éditions Izem, avec le concours de l'ONDA. Depuis déjà une semaine, toute la ville en parle. L'album de Lounis Aït Menguellet était très attendu. C'est dire l'aura, le crédit et la crédibilité de cet auteur-compositeur-interprète, de surcroît poète, dont jouit cet artiste au statut d'icône. L'album frais émoulu Isefra (poèmes), sorti hier, est un nouvel opus offrant huit chansons. Le titre éponyme Isefra (poèmes, 5'46) dont le texte est d'une grande éloquence et élégance. Et ce à travers une orchestration galvanisée, brillante et cristalline acoustiquement parlant. Où bendir, mandole, banjo, violons, flûte et autres cordes basses évoluent dans une bonne intelligence instrumentale. Sur cet écrin, Lounis Aït Menguellet pose une voix de «bohème et poèmes». Des mots ciselés Un phrasé gouleyant sur des mots ciselés : «Si le don d'éloquence t'es donné/Sème les mots pour qu'ils germent/Parfois, ils donneront de bons fruits/Parfois ils s'épanouiront en lauriers roses/Parfois, ils s'envoleront tels des oiseaux/Parfois, ils seront meurtriers pour celui qu'ils atteignent/Si le don d'éloquence t'es donné/Alors, tu seras un homme de sagesse…». Des lyrics sonnant comme des aphorismes et autres axiomes émanant d'un artiste écorché vif, d'une sagesse forçant le respect. Et puis, cette force tranquille qu'on lui connaît et reconnaît. Adim Amcum (dettes de malheur), Temettut (femme), Ageffur (jour de pluie), Ruh a zzman (continue ta course, ô temps), Walagh (j'ai vu), Isefra nniden (autres poèmes) ou encore Aâwaz (veille) sont des ballades de très bonne facture, tantôt mélancoliques – cette beauté de la tristesse – celtiques avec les nostalgiques flûte et violons à la manière des Fiddlers d'Irlande et aussi festives comme Isefra nniden. Une «thamaghra» (fête) utile mais pas du tout futile. Car les paroles expriment un espoir, une espérance. L'album proprement dit a été «goupillé», arrangé et réalisé par son fils, Djaffar Aït Menguellet – un chanteur qui n'est plus à présenter – avec la participation de musiciens talentueux, tels que Yuva Sid (guitares folk et sèche), Nadjib Gamoura (basse) ou encore Nabil Kassouri (percussions). C'est sûr, Lounis Aït Menguellet, à 64 ans, jure avec la gérontologie. Au contraire, il est aussi vert ! L'album Isefra ? C'est beau, c'est frais, c'est jeune !