Le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI) continue de semer la mort et la peur partout où il passe. Depuis qu'il s'est emparé, il y a neuf jours, d'une partie de la province syrienne de Homs qui inclut Palmyre, ses éléments ont exécuté sans état d'âme au moins 217 personnes, dont des civils. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a déclaré dimanche qu'il avait des preuves de l'exécution de 67 civils et de 150 membres des forces syriennes par des terroristes de l'EI dans plusieurs endroits de la province de Homs depuis le 16 mai. «L'Observatoire a confirmé que l'EI avait exécuté 67 civils, dont 14 enfants et 12 femmes à Soukhna, Amiriya, à proximité de casernes d'officiers et à Palmyre», a fait savoir l'ONG. Autant dire que Palmyre a carrément basculé dans l'horreur. Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahman, des familles entières ont été exécutées, dont des enfants avec leurs parents. «La plupart des exécutions ont eu lieu à Palmyre. Certaines victimes ont été tuées par balle, d'autres ont été décapitées ou tuées avec des couteaux», a-t-il déclaré à la presse. L'Observatoire a fourni ce bilan quelques heures après que les médias officiels syriens eurent affirmé que l'EI avait commis un «massacre» à Palmyre, tuant quelque 400 civils, la plupart des femmes et des enfants. Selon l'ONG, 600 personnes, dont des forces armées, des militants pro-gouvernementaux et des civils accusés de liens avec le régime ont été en outre faites prisonnières par l'EI au cours de son avancée. La perle du désert en danger Le drapeau noir du groupe terroriste Daech flotte désormais sur le musée de la célèbre cité antique de Palmyre, planté sur le toit de la citadelle mamelouk du XIIIe siècle. Appelée la «perle du désert», la cité de Palmyre est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Située à 210 km au nord-est de Damas, elle est réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et ses tours funéraires, vestiges d'un brillant passé. C'est jeudi dernier que le groupe criminel a pénétré dans le musée de la ville sans toutefois détruire les précieuses pièces archéologiques, a affirmé samedi le chef des Antiquités syriennes. Les terroristes, qui se sont emparés de la ville, sont entrés le même jour dans le musée, «ont brisé des répliques en plâtre représentant des personnes vivant il y a 100 000 ans et sont revenus vendredi, ont fermé les portes et ont mis des gardes devant», a indiqué Maamoun Abdelkarim lors d'une conférence de presse à Damas, affirmant détenir ces informations d'habitants de Palmyre. Raids syriens Toutefois, le responsable des Antiquités syriennes a souligné qu'il «ne restait presque plus rien dans le musée», situé dans la ville, en dehors du site archéologique. «Nous avons envoyé progressivement les pièce antiques à Damas, mais il y a des pièces énormes comme les sarcophages (à l'entrée du musée) qui pèsent 3 à 4 tonnes et que nous ne pouvons pas faire bouger. C'est cela qui nous inquiète», a-t-il dit, en référence à des sarcophages en haut relief romano-byzantins représentant généralement un chef de famille, sa femme et ses enfants. Pour tenter de reprendre une partie du terrain perdu, l'aviation syrienne a bombardé lundi des secteurs de la ville antique et sa banlieue. «Depuis ce matin, l'aviation du régime a mené 15 raids sur Palmyre et sa banlieue», a affirmé l'OSDH, soulignant la mort «d'au moins quatre civils et des dizaines de blessés». «Les opérations militaires, y compris les raids aériens, se poursuivent dans le périmètre de la localité d'Al Sakhné, de Tadmor, des champs d'Al Hel et Arak et toutes les routes qui conduisent vers Tadmor. Nous poursuivons Daech où qu'il soit», a précisé une source militaire syrienne qui a confirmé ces raids. Mais la tâche pour libérer Palmyre paraît aujourd'hui des plus ardue, surtout que l'armée syrienne doit faire face à de nombreux autres fronts.