L'accord gouvernement-archs portant sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur demeure lettre morte. Presque la totalité du document élaboré en 2001 en plein événements de Kabylie, dont les revendications les plus importantes, n'est pas mise en application. « 80% des revendications contenues dans la plate forme d'El Kseur ne sont pas appliquées sur le terrain », a affirmé Belaïd Abrika, porte-parole des archs dialoguistes lors d'une conférence de presse animée, hier à la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Refusant d'admettre l'échec du processus des pourparlers avec le gouvernement, les archs, ayant entretenu un semblant d'espoir depuis près de deux ans, affirment que « la balle est désormais dans le camp de l'Etat » qui doit assumer ses engagements pris à l'occasion de la signature du protocole d'accord, le 15 janvier 2005. Toutefois, Belaïd Abrika et ses camarades reconnaissent que rien n'a été fait depuis cette date. Blocage concernant la prise en charge de la langue amazighe, pas de départ des brigades de la gendarmerie, pas de jugement des assassins de jeunes et pas de plan économique d'urgence pour la région…, le mouvement est actuellement dans une situation inconfortable. Une situation compliquée par la dernière déclaration du successeur de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. « l'Etat ne donnera pas plus », a lancé Abdelaziz Belkhadem lors d'une conférence de presse, animée en marge de l'université d'été du FLN en août dernier à Béjaïa. Mais, selon les représentants des archs, l'Etat doit « mettre en œuvre et le plus vite possible ses engagements ». A commencer par la délocalisation des brigades de la gendarmerie de la Kabylie. « Nous continuons à demander le départ de la gendarmerie. C'est une revendication de la population inscrite dans la plate- forme d'El Kseur et le gouvernement s'est engagé à la satisfaire », a déclaré Belaïd Abrika qui voit en la demande du retour de la gendarmerie émise par certains villages pour assurer la sécurité « une manipulation ». « Pour ceux qui utilisent des subterfuges pour imposer ce corps, il faut qu'ils sachent que la réponse a eu lieu le 14 juillet 2001. Nous ne sommes pas près d'oublier les exactions commises par ce corps dans la région », a indiqué Abrika. Tout en soulignant que l'insécurité est un phénomène national, l'orateur dira que cette question doit être gérée politiquement. Comment ? « En traitant les fléaux sociaux et en freinant ces cercles occultes qui remuent le couteau dans la plaie. Pourquoi cette question n'était pas posée durant la période allant de 2001 à 2004 ? », a-t-il rétorqué. Les archs dialoguistes, en se disant rassurés par le chef de l'Exécutif actuel, pressent les pouvoirs publics à hâter le processus d'application de l'accord paraphé. « Tout retard accumulé ne fera qu'aggraver la crise dans la région », ont-ils mis en garde. L'autre question, sur laquelle ont insisté les représentants de ce mouvement, est le jugement par des tribunaux civils des responsables des assassinats des jeunes en Kabylie durant les événements du printemps noir. Evoquant les questions d'actualité nationale, à savoir la révision constitutionnelle, la charte pour la paix et la réconciliation et les échéances électorales prochaines, les archs affirment qu'ils ont toujours un mot à dire. En rappelant que la plate-forme revendicative d'El Kseur demande le changement de la Constitution, Belaïd Abrika annonce la préparation d'un mémorandum résumant la position de la mouvance des archs sur le sujet. Un mémorandum qu'ils comptent rendre public dans 15 jours à l'occasion de la tenue du conclave interwilayas. Niant toute volonté de transformer le mouvement en un parti politique, les archs comptent peser de leur « poids » lors des élections législatives et locales prévues en 2007.