A la lumière des résultats des dernières élections partielles, en Kabylie, de nombreux observateurs s'interrogent sur le devenir du mouvement des archs et de ce qu'il défendait depuis juin 2001, la plate-forme d'El Kseur. Onze mois après la reprise du dialogue entre le chef du gouvernement et les archs, rien de concret n'est venu confirmer que la plate-forme est en cours d'application, comme le sous-entendent les archs, qui attendent le feu vert d'Ouyahia pour aller parapher un document de synthèse sur ce que le pouvoir a concédé aux archs. Deux ans sont passés aujourd'hui entre le premier épisode du dialogue, qui avait échoué en 2004 sur la question identitaire. Deux ans et le pouvoir continue à tergiverser, à manipuler, alors que pour démontrer sa bonne foi, il aurait pu, en deux ans, prendre nombre de dispositions pour mettre en application la plate-forme d'El Kseur. Or, il n'a rien fait et il est logique de dire que le pouvoir ne montre aucune disposition à donner une suite à certaines revendications éminemment politiques, contenues dans la plate-forme. Il le démontre chaque jour en muselant l'opposition. Durant la campagne électorale en Kabylie, la télévision, qui n'a pas donné son importance à l'événement, a boycotté l'opposition et n'a accordé de l'intérêt, à travers quelques images, qu'aux déplacements des ministres du FLN et du RND. Les pratiques du pouvoir ne changent pas. S'il a accordé de l'intérêt aux archs, en les conviant à un dialogue sans fin, c'était uniquement pour se permettre un redéploiement en Kabylie, où les partis politiques avaient de la peine à s'exprimer. Ces derniers ont réhabilité les partis politiques qui deviennent, ainsi, les porteurs des revendications citoyennes. Au-delà de ce qui sera mis noir sur blanc et paraphé entre le chef du gouvernement et les archs - qui portera essentiellement sur les revendications socioéconomiques et la réparation matérielle et judiciaire des victimes du printemps noir -, l'aspect politique du contenu de la plate-forme d'El Kseur sera porté par les partis, à leur manière. Dans un avenir pas très lointain, on n'entendra plus parler de cette plate-forme qui a mobilisé toute une région, avant que tout ne sombre dans des considérations purement matérielles, que le pouvoir n'a pas hésité à satisfaire. Les partis politiques en Kabylie, avec ou sans la plate- forme, vont continuer leur combat avec, comme objectif, les prochaines élections de 2007. D'ici là, le pouvoir continuera ses manœuvres pour discréditer les partis d'opposition et les élus auront toujours les mains liées par les codes communal et de wilaya.