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La Corée ne veut pas perdre le nord
62 ans après la guerre et malgré les provocations de Kim Jong-un
Publié dans El Watan le 07 - 06 - 2015

La Corée du Sud est souvent désignée par l'expression en vogue dans la littérature locale et mondiale de «Pays du Matin calme». Mais à Séoul, Incheon et autres mégapoles de cette péninsule, tout semble calme du matin au soir. Ou presque. Carnet de voyage dans ce petit pays qui touche le ciel avec ses tours et ses atours technologiques.
A la descente d'avion à l'immense aéroport international Incheon, on prend déjà la mesure du progrès économique 2.0 de la Corée du Sud. Ce pays d'à peine 99 274 km2 où s'entassent tout de même près de 50 millions d'habitants (48 955 en 2013) jongle avec les superlatifs et affiche des statistiques stratosphériques.
Un PIB nominal (2010) de 1356 milliards de dollars (13e) et un indice de développement humain (IDH) très élevé, en augmentation de 0,897 (15e en 2011) font de la Corée du Sud un dragon de l'Asie, au propre et au figuré.
On a forcément hâte de découvrir à quoi correspondent ces chiffres vertigineux dans ce minuscule Etat situé à un jet de pierre (à une portée de fusil plutôt) du pays le plus fermé au monde, la Corée du Nord du jeune dictateur Kim Jong-un.
Sur l'autoroute rectiligne qui mène de l'aéroport Incheon à la capitale Séoul, les gigantesques buildings en verre qui s'élancent vers le ciel forment une sorte de haie d'honneur comme pour vous souhaiter la bienvenue au monde du réel.
Une copie conforme aux cartes postales vues et revues de la Corée du Sud dont la superficie est sans commune mesure avec son excellence économique.
L'asphalte se dérobe comme un tapis roulant sous les roues de la limousine qui fonce à toute allure sur cette autoroute. Impossible de réprimer l'envie de la comparer à celle jonchée de dos-d'âne et de nids-de-poule de Amar Ghoul…
Des deux côtés de la route, la nature bien fleurie d'arbres et par endroits sertie de rivières et de cours d'eau rend le trajet passionnant au regard. Les panneaux publicitaires géants qui se suivent et ne se ressemblent pas rappellent au visiteur qu'ici l'économie avance à vitesse grand V. A peine une heure de route et nous voilà enfin à Séoul (prononcez Saooul).
Hong Kong ? New York ? Tokyo ? C'est peut-être les trois en même temps. Il est vrai que la capitale sud-coréene a un accent américain plus prononcé. On se sentirait presque à Time Square ou à Broadway tant les tours en verre tapissées d'écrans géants, les Starbucks Coffe et les Subway sont quasiment partout. «The Américain way of life» trouve ici en Corée du Sud toute son expression et sa signification. Un contraste saisissant avec la voisine Corée du Nord située à quelque 200 km qui, elle, reste givrée dans la glaciation stalinienne. A Séoul, les enseignes des firmes mondiales tels Samsung, LG, Hyundai, KIA et Daewoo confirment au visiteur qu'il est bien sur leur terre. Bien que leurs usines se trouvent ailleurs, ces marques qui marquent sont omniprésentes. Les smartphones de la firme sud-coréenne sont ici en terrain acquis.
Des tours et des atours…technologiques
Acquérir un Galaxy de Samsung est presque une fierté nationale, même si les gens ici se plaignent de ce que son prix soit le même pratiqué dans le monde. Eh oui, le libéralisme ici ne s'accommode pas des petits arrangements entre familles ou entre amis. C'est peut-être cela qui fait la force du modèle de croissance dans ce pays, où la seule valeur qui vaille est le travail.
Pourtant, derrière ce tableau de maître sculpté d'avancées technologiques, de bonds économiques et de progrès sociaux qu'offre Séoul, les Sud-Coréens n'en sont pas moins anxieux, voire même craintifs. Il y a un sentiment de vulnérabilité largement partagé ici face au frère ennemi du Nord.
Les Sud-Coréens vivent certes très bien grâce à leurs génie qui a fait passer leur pays d'un niveau comparable à celui des plus pauvres d'Afrique et de l'Asie dans les années 1960, à une 12e puissance mondiale avec un PIB de 1024 milliards de dollars. Mais la menace guerrière de leurs méchants voisins qui testent régulièrement des armes nucléaires est vécue comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes.
Il ne se passe pas un jour sans que les journaux et les chaînes de télévision ne rendent compte d'une énième gesticulation du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. Parfois, ce sont des scènes cocasses qui font la «une» dans les médias.
Comme cette image du frère aîné de Kim Jong-un pris, début mai, en «flagrant délit» en train d'apprécier le concert de son idole de rock, Erik Clapton au Royal Albert Hall à Londres… !
Kim Jong-chull, 33 ans, a, malgré lui, fait le buzz ici et même dans la presse internationale tant la nature du régime de son frère exclut presque le goût à la musique…
Eric Clapton idole à Pyongyang !
C'est dire que la moindre saillie de Kim Jong–un est largement disséquée et commentée à force d'analyses s'appuyant sur les avis des experts. Et quand un essai balistique est effectué par Pyongyang, la peur se démultiplie à Séoul et irradie tout le sud de la péninsule.
En arrivant ici à Séoul, nous avons constaté que les médias ne parlent que de l'exécution, le 30 avril dernier, du ministre de l'Armée populaire nord-coréenne, le vice-maréchal Hyon Yong-chol, au moyen d'un tir de canon antiaérien (ou de lance-roquettes, selon les traductions).
Son péché ? S'être assoupi au moment où le jeune dirigeant Kim Jong-un faisait son discours à l'occasion d'une fête militaire… Eh oui, à Pyongyang cela s'appelle «déloyauté et manque de respect» envers le boss.
Cette horrible exécution publique rapportée par les services de renseignement sud-coréens ne serait que la plus tristement célèbre. Des centaines de Nord-Coréens périssent sous les balles ou la torture d'un régime d'un autre âge qui ne tolère aucun écart, fut-il futile. A Séoul, tout le monde est convaincu que Kim Jong-un pourrait tenter le diable et diriger à tout moment ses missiles contre la Corée du Sud. C'est avec cette peur omniprésente que les habitants vivent depuis la fin de la guerre voilà 62 ans (1953).
L'action diplomatique de Séoul est prioritairement orientée vers la sensibilisation de la communauté internationale sur le danger que fait peser sur elle Pyongyang.
La Corée du Sud tente de gagner de nouveaux alliés dans sa guerre psychologique contre le Nord pour l'isoler et pourquoi pas le mettre hors d'état de nuire. C'est dans cette optique que nous avons été invités avec un groupe de 14 journalistes des quatre continents dont un Américain, un Britannique, un Français, un Afghan et un Mozambiquien pour un séjour d'information en Corée du Sud qui abrite la frontière la plus surveillée du monde.
Tout au long des huit jours passés, nous avions senti et perçu cette peur qui ne quitte pas les responsables sud-coréens face à d'éventuels coups de folie du jeune dictateur.
Le gouvernement de Séoul, via la chaîne de télévision Arirang TV, a concocté un programme riche et varié de rencontres, de visites et d'échanges dont la finalité est de montrer à quel point la menace nord-coréenne rythme la vie de tous les jours ici. Faut-il rappeler que la guerre entre les deux Corées, le Nord soutenu par la Chine et l'ex-URSS et le Sud par les Etats-Unis n'est officiellement pas finie, bien que l'armistice fut signé à Panmunjom en 1953.
Et cette atmosphère de ni guerre, ni paix pèse lourdement sur les responsables de la Corée du Sud. Il y a, d'un côté, une volonté de se réconcilier avec le méchant voisin après 70 ans de séparation, et de l'autre on se prépare au pire. «Nous n'excluons pas l'effondrement subit du régie de Kim Jong-un», affirme Lee Duk Heng, porte-parole adjoint du ministère de la Réunification et responsable de la politique de coopération intercoréenne. Dans le gouvernement à Séoul, il y a en effet un ministère dédié à la Réunification, bien que celle-ci se conjugue au futur du conditionnel…
Ni guerre, ni paix
On y apprend ainsi que les échanges entre les deux Corées se chiffrent, mine de rien, à plus de 20 milliards de dollars. L'ouverture, en 2004, de l'unique complexe industriel mixte «Kaesong» participe justement de cette volonté de préparer l'avenir. Mais avec le régime de Pyongyang, les belles éclaircies sont souvent suivies d'orages plus ou moins menaçants. Tout allait bien dans ce complexe créé par 123 firmes sud-coréennes (sur le territoire de la Corée du Nord) qui emploie 53 000 ouvriers du Nord. Pourtant, le régime de Kim Jong-un décidé, sans prévenir, en avril 2013, de retirer tous les travailleurs jusqu'à ce que Séoul accepte une hausse des salaires de 18% décrétée unilatéralement par Pyongyang.
Une proposition jugée indécente par les Sud-coréens qui mettent en avant le fait que le complexe n'est pas viable économiquement et qu'il ne pourra pas s'internationaliser. Le ministère de la réunification a tout de même concédé une augmentation des salaires de 5% devant porter la masse salariale du complexe à 100 millions de dollars. Insuffisant aux yeux de Kim Jong-un qui décrète la fermeture de cet unique lieu où les deux Corées peuvent se rencontrer.
Jamais sans la Chine
En creux, il reproche à Séoul de préparer la guerre avec l'armée américaine stationnée à la frontière ; d'où ses essais récurrents de tirs de missiles de courte et moyenne portée. En revanche, la Corée du Sud ne perd pas espoir de pouvoir faire revenir sa voisine du Nord à de meilleurs sentiments. La présidente Park Geun-hye a même lancé en avril 2014 à Dresde, en Allemagne, une initiative visant à réunifier les deux Corées comme l'ont été les deux Allemagnes. Elle a dit vouloir rendre possible le miracle du Han comme l'a été celui du Rhin dans une allusion aux deux rivières qui séparent les deux Corées et les deux Allemagnes.
Toute une littérature politique et diplomatique a été mise à contribution pour rendre cet idéal accessible le plus tôt possible dans la péninsule coréene. «C'est la génération de la dernière chance. Si on n'arrive pas à concrétiser cette réunification, il ne nous sera plus possible à l'avenir de réconcilier des gens qui n'ont pas d'histoire commune après 70 ans de séparation», souligne, réaliste, Lee Duk Heng, porte-parole adjoint du ministère de la Réunification.
Son collègue du bureau de la paix avec la Corée au ministère des Affaires étrangères n'en pense pas moins. Yong-woon-Kwon pointe le caractère orageux du dirigeant nord-coréen mais aussi le jeu trouble de la Chine. «Kim Jong-un est loin de la réalité, il décide de manière irrationnelle avec son tempérament lunatique», assène ce diplomate.
Pour lui, la Corée du Nord «n'est pas sérieuse» dans son discours sur la coopération. Il en veut pour preuve la pratique des exécutions sommaires contre les opposants au régime. Cet officiel ne se fait pas d'illusions quant à l'incapacité du régime nord-coréen à s'ouvrir, surtout qu'il bénéficie du parapluie chinois. «La Chine utilise la carte du régime nord-coréen pour marquer son opposition à la présence de l'armée américaine dans la région de l'Asie du nord-est. Elle va cautionner le régime de Kim Jong-un jusqu'à ce que ses rapports avec les USA évoluent positivement», explique, lucide, Yong-woon-Kwon.
Ce responsable au Affaires étrangères sud-coréennes s'attend donc à une «montée de la tension», en témoignent selon lui les «provocations» de Pyongyang. «Nous souhaitons évidemment la paix, mais nous nous préparons aussi à tout face à un voisin belliqueux qui fait du chantage avec ses armes nucléaires et qui nourrit la tension», résume –t-il.


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