L'opération Ousratic, « un PC par foyer », lancée en septembre 2005 pour permettre à chaque famille algérienne de se doter d'un ordinateur à crédit, ne semble pas tenir toutes ses promesses. C'est du moins ce qui ressort des déclarations des demandeurs de crédit ainsi que de celles des agents commerciaux censés leur livrer le produit une fois la demande de crédit avalisée par un des cinq établissements financiers retenus pour prendre en charge cette opération. « Sur une durée de presque deux mois, confie un vendeur, et sur une trentaine de demandeurs, un seul a pu obtenir l'accord de crédit et enlever son PC ». Des demandeurs diront, pour leur part, avoir déposé leurs dossiers auprès d'un des fournisseurs, en décembre 2005, et qu'ils attendent toujours. « On a entendu dire, ajoutent-ils, qu'il fallait renouveler les dossiers et les déposer à la banque mais, au niveau d'une agence, on nous a appris qu'ils n'ont rien reçu concernant cette opération et qu'ils ne pouvaient donc pas retenir nos dossiers ». C'est aussi, apprend-on, ce qui se passe au niveau des bureaux de poste qui refusent de réceptionner les dossiers et qui orientent les intéressés vers le centre des chèques postaux. De ce côté, on laisse entendre que la poste ne fait qu'accompagner l'opération et que c'est aux banques d'accorder le crédit aux intéressés. C'est carrément un méli-mélo pour les nombreux demandeurs charmés par « un PC pour toute la famille ». On laisse supposer, à ce stade, que les banques ne jouent pas le jeu. Cependant, on apprendra que dès les premiers mois du lancement de cette opération de crédit à la consommation, certains établissements financiers ont accusé des impayés. Le risque ne se pose pas avec les « domiciliés », détenteurs d'un compte bancaire. « Le problème se pose surtout avec les détenteurs de CCP (compte courant postal), les prélèvements des mensualités à rembourser n'ont pas été effectués et les banques enregistrent un retard dans les remboursements du crédit », confie-t-on. Recouvrement C'est apparemment ce qui explique la réticence de certaines banques qui « refusent », d'une manière ou d'une autre, d'accorder le crédit. Un crédit sans aucune garantie dont le non recouvrement pourrait se répercuter négativement sur le bilan annuel de l'établissement. A la SGA (Société Générale Algérienne), on déclare que l'établissement n'accorde plus de crédit pour l'opération Osratic et que tous les dossiers déposés par un des agents commerciaux, lui ont été réexpédiés. Ce qui ne corrobore pas l'information faisant état d'un récent accord entre cette banque et Algérie Poste. Par contre, au niveau du CPA (crédit populaire algérien), on apprendra que les crédits sont accordés automatiquement et que de nombreuses demandes ont été satisfaites, même si, là aussi, on évoque le problème de prélèvement sur le compte des détenteurs de CCP. « Mais, dira un responsable, ce problème sera certainement résolu d'ici la fin du mois, avec la généralisation du virement électronique et de la carte RIB (relevé inter bancaire) ». De l'autre côté de la chaîne, les lenteurs enregistrées dans le traitement des demandes et l'accord des crédits au compte-goutte représentent pour les vendeurs agréés et surtout pour les fournisseurs, un manque à gagner considérable. En vue de l'ampleur du marché que pouvait déclencher l'engouement des familles algériennes pour l'acquisition d'un PC à crédit, ces derniers semblent avoir mis le paquet et se retrouvent avec un stock considérable qu'ils n'arrivent pas à écouler dans les temps. « Les ordinateurs proposés actuellement, expliquent-ils, risquent d'être supplantés par des PC « nouvelle génération », ce qui entraînera une importante chute des prix ». L'engagement de la banque CETELEM, dans le cadre d'un contrat signé il y a quelques jours, à prendre en charge le crédit Ousratic va-t-il parvenir à lever les diverses entraves que rencontre l'opération « un PC par foyer » ?